Le rôle de l'armée à Cuba
Le rôle de l'armée à Cuba
03/04/2007 08:24
Depuis ses débuts en 1959, l'armée de Fidel Castro, a été la garantie
de survie de son régime, ainsi que l'institution la plus puissante de
Cuba.
L'armée de Fidel Castro, les Forces Armées Révolutionnaires (FAR),
sont la véritable garantie de survie du régime socialiste, ainsi que
l'institution officielle la plus puissante, influente et compétente de Cuba. Les
principaux généraux des FAR, aux ordres de Raúl Castro (celui qui a occupé la
charge de ministre de la défense pendant de longues années), joueront des rôles
cruciaux dans tous les cas concevables de transition. Une fois Fidel Castro mort
ou rendu inapte, les généraux assumeront le contrôle d'un régime de succession
prétorien ou, comme dans le cas des armées des anciens pays communistes de
l'Europe de l'Est, ils se transformeront en complices volontaires de la
disparition du marxisme.
Durant les années récentes, les fonctionnaires
de plus haut rang ont été préparés ouvertement pour assumer le contrôle de la
transition après le décès de Fidel Castro. Au moins au début, il est probable
qu'ils disposent de l'appui de la majorité de l'élite officielle du pays, et
d'un certain nombre de civils qui occupent actuellement de hauts postes dans le
gouvernement et dans le Parti Communiste. Ces derniers aideront à renforcer la
légitimité d'un gouvernement, au niveau national et international, spécialement
en ce qui concerne des questions économiques et financières.
Toutefois,
aucun dirigeant d'une autre institution, y compris le parti, divers organismes
étatiques et gouvernementaux ou les organisations de masse, ne seront en mesure
de rivaliser avec les chefs militaires. Une série de facteurs expliquent la
suprématie de l'armée:
Le Ministère des Forces Armées Révolutionnaires
(MINFAR) a commencé à fonctionner comme l'organisation d'avant-garde du régime
au moins cinq ans avant que le Parti Communiste de Cuba ne soit créé en 1965.
Les deux tiers des membres du Comité Central original du parti étaient des
officiers de l'armée ou des vétérans de la guerilla. De nos jours, Raúl Castro
et cinq autres généraux siègent au bureau Politique, composé de 23
membres.
Contrairement à ce qui s'était produit dans la majorité des
autres pays communistes, le parti s'est formé à partir des forces armées, et n'a
jamais rivalisé avec ces dernières quant à influence. Depuis 1989, année où les
services policiers, de sécurité et d'espionnage du Ministère de l'Intérieur
(MININT) sont passés sous le contrôle des FAR, celles-ci ont exercé un monopole
absolu sur la force coercitive à Cuba. Avec un personnel militaire régulier dont
le nombre est estimé entre 50.000 et 60.000, et des forces auxiliaires, de
réserve et de milice, le nombre de Cubains qui portent un uniforme dépasse les 2
millions.
Les FAR sont plus représentative du peuple que toute autre
institution nationale d'importance. Pendant plus de quatre décennies, elles ont
été le moyen favori des jeunes issues des classes pauvres et de zones rurales
comme ascenseur socio-économique. On sait qu'il y a des exemples de
fonctionnaires militaires de haut rang qui ont atteint leur position privilégiée
malgré leurs origines humbles, et que, traditionnellement, la majorité de
ceux-ci vivait de manière modeste, avec une relation étroite avec le
peuple.
Contrairement à d'autres institutions de l'île, les forces armées
ont opéré pendant plus de quatre décennies avec un haut degré de continuité, en
ayant éprouvé peu de purifications, désertions et purges, en comparaison avec
les institutions civiles ou le parti communiste. Depuis le milieu des années 90,
Fidel Castro a chargé les FAR d'administrer des secteurs critiques de
l'économie. L'influence de l'armée sur de vastes secteurs de la politique a
augmenté de manière remarquable. Une source bien informée à ce sujet (un ex
fonctionnaire des relations extérieures de Cuba) a souligné que les FAR exercent
"un centralisme écrasant dans tous les secteurs en rapport avec la formulation
de politiques économiques."
De manière semblable, vers le milieu des 90,
un ex fonctionnaire soviétique qui connaît bien les fonctionnement des FAR, a
fait l'observation que, après la disparition de l'Union Soviétique, celles-ci
ont continué à jouir "d'un statut spécial à Cuba". Il a aussi déclaré que les
forces armées "étaient encore considérées par la majorité des Cubains comme
défenseurs des intérêts nationaux et de la stabilité du pays".
Mais, les
changements fondamentaux produits durant des années récentes, paraissent avoir
miné l'image précédemment positive de l'armée. Dans le passé, les FAR
constituaient l'institution publique la moins touchée par la corruption.
Toutefois, pour beaucoup de Cubains (les intellectuels, la croissante communauté
de dissidents, les autres éléments non conformistes et les jeunes apolitiques),
le respect aux forces armées est nuancé par une véritable crainte : celle de
voir l'armée utilisée comme arme contre tout type opposition, y compris les
civils cubains.
Pendant l'été de 1994, après de sérieux troubles de
manifestants contre le régime qui ont eu lieu à La Havane (un policier mort et
des autres blessés), le gouvernement a publiquement menacé d'employer la force
si nécessaire pour maintenir l'ordre. Dans la presse cubaine on a largement
diffusé des mots de Raúl Castro disant "aux ennemis de la révolution" qu'ils ne
devaient pas commettre d' erreurs. "Nous avons suffisamment de canons et
d'autres moyen pour défendre de pays". Si ses mots n'avaient pas été
spécifiquement adressés aux dissidents cubains, son intention a été éclaircie,
plusieurs jours plus tard. Dans un discours transmis pendant les funérailles
d'un policier, Ulises Rosales del Toro, général et haut responsable de l'armée,
a exprimé : "Nous signalons à la cinquième colonne interne... que nous agirons
avec fermeté".