Raul Castro n'aime pas (non plus) les journalistes
Raul Castro n'aime pas (non plus) les journalistes
06/02/2007 05:55
Pas de répit pour les journalistes à Cuba. En ce qui concerne la
répression, la relève est assurée avec Raul Castro.
Reporters sans frontières
déplore que le bilan de la liberté de la presse à Cuba se soit encore aggravé
avec la détention de Ramón Velázquez Toranso, journaliste de l'agence
indépendante Libertad. Arrêté le 23 janvier 2007 et détenu à la prison
provinciale de Las Tunas (Est), le journaliste a entamé le 30 janvier une grève
de la faim. Depuis la prise de fonctions de Raúl Castro à la tête de l'État, le
31 juillet 2006, une quarantaine de journalistes ont été interpellés, agressés
ou menacés, dont certains à plusieurs reprises.
"Les rares promesses
d'ouverture du pouvoir intérimaire de Raúl Castro ne se sont traduites par
aucune avancée en matière de liberté de la presse. Les journalistes indépendants
continuent de subir les harcèlements et les brutalités de la Sécurité de l'État.
Ramón Velázquez Toranso n'a commis d'autre crime que de manifester pacifiquement
pour demander davantage de liberté d'expression. Le pouvoir croit-il
sérieusement se rapprocher de la communauté internationale en persistant dans
l'intransigeance et l'arbitraire ? Il aurait tout à gagner en libérant les
prisonniers d'opinion", a déclaré Reporters sans frontières.
Le 23
janvier, Ramón Velázquez Toranso a été arrêté avec sa femme et sa fille à la
gare routière de Ciego de Ávila (Centre). La famille du journaliste avait été à
l'initiative, le 10 décembre 2006, d'une Marche pour l'unité, reliant Las Tunas
à La Havane, destinée à obtenir des autorités le respect des libertés
fondamentales. Le 4 janvier, Rámon Velázquez Toranso, sa famille et d'autres
marcheurs avaient été arrêtés une première fois à Ciego de Ávila puis relâchés.
Renvoyé à Las Tunas, le journaliste avait été intercepté le lendemain à Camagüey
(Centre), d'où il tentait de relancer la marche pacifique. Harcelé depuis
plusieurs mois par la Sécurité de l'État (police politique), le journaliste
avait été condamné à trois ans de "liberté surveillée" par le tribunal
provincial de Las Tunas pour "dangerosité sociale prédélictueuse".
Le 23
janvier, la femme et la fille du dissident ont recouvré rapidement la liberté
tandis que leur mari et père a été incarcéré dans les locaux de la troisième
unité de la police nationale de Las Tunas. Transféré au mitard de la prison
provinciale "El Típico" du département, le journaliste a entamé une grève de la
faim le 30 janvier. La Sécurité de l'État a averti sa famille qu'il serait privé
de visite tant qu'il s'abstiendrait de s'alimenter. Ramón Velázquez Toranso fait
partie de l'agence indépendante Libertad, basée à Las Tunas, dont le directeur
et fondateur, José Luis García Paneque, purge une peine de 24 ans de prison
depuis le "printemps noir" de mars 2003.
Directrice de l'agence La Voz de
Oriente, Haydee Rodríguez a entamé, elle aussi, une grève de la faim après une
perquisition musclée de la Sécurité de l'État à son domicile de Santiago de Cuba
(Sud-Est), le 20 janvier 2007. La police politique lui a confisqué les livres,
les revues et les crayons qu'elle devait livrer à une bibliothèque indépendante.
Le capitaine Giovanis Durán a également emporté son matériel d'enregistrement,
deux postes de radio et des documents de l'Union européenne que la journaliste,
de nationalité espagnole, reçoit régulièrement.
Le 29 janvier à Ciego de
Ávila, selon le site Payolibre, José Mariño, chef provincial du
contre-espionnage de la Sécurité de l'État, a violemment interpellé Luis Esteban
Espinosa Echemendía, 20 ans, de l'agence Jóvenes sin Censura, avant de le
soumettre à un contrôle au commissariat et de saisir son matériel
journalistique. Le jeune journaliste avait déjà été arrêté et détenu pendant
deux heures par la Sécurité de l'État le 10 janvier. Le 2 février, la police
politique a mis à sac le domicile de son collègue de la même agence, Yosvani
Anzardo Hernández, pour y chercher en vain de la "propagande
ennemie".
Enfin, le 24 janvier, le tribunal provincial de Camagüey a
décidé de reporter au 8 février prochain le procès du journaliste indépendant
Armando Betancourt, 44 ans, détenu sans jugement depuis le 23 mai 2006. Selon sa
femme, Mercedes Boudet, elle-même menacée d'emprisonnement par la police,
Armando Betancourt est incarcéré pour "activités anti-gouvernmentales" mais
pourrait être condamné pour un délit de droit commun.
Benoît
Hervieu
Despacho Américas / Americas desk
Reporters sans frontières
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