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(Pas le) Centre Ernesto Che Guevara
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6 février 2007

Cuba - Rapport Annuel RSF 2007

Cuba

Superficie : 110 860 km2.
Population : 11 270 000.
Langue : espagnol.
Chef de l'Etat : Raúl Castro (intérim)

Cuba - Rapport Annuel

Le retrait du pouvoir de Fidel Castro auquel son frère Raúl a succédé, le 31 juillet, n'a pas atténué la répression contre la presse indépendante. Le pays compte vingt-quatre journalistes emprisonnés. Après avoir mené plusieurs grèves de la faim, pendant sept mois, pour réclamer le libre accès de tous les Cubains à Internet, Guillermo Fariñas Hernández a été récompensé du prix Cyberliberté de Reporters sans frontières.

Raúl Castro lâchera-t-il du lest sur les libertés fondamentales ? La question se pose au-delà des rangs de la dissidence cubaine depuis que Fidel Castro, malade, s'est mis en congé du pouvoir le 26 juillet et a cédé officiellement les rênes de l'Etat à son frère, jusqu'alors ministre de la Défense et commandant en chef des Forces armées révolutionnaires. Pour l'heure, le régime n'a pas cessé de mener la vie dure aux dissidents, et aux journalistes indépendants.

Cuba tient toujours son rang de deuxième prison du monde pour les journalistes. Deux libérations ont été très vite "compensées" par deux nouvelles incarcérations, maintenant à vingt-quatre le nombre de journalistes détenus dans l'île. Le 22 mars, Lamasiel Gutiérrez Romero, correspondante du site Nueva Prensa Cubana sur l'île de la Jeunesse (Ouest) a quitté la prison de Mantonegro (province de La Havane), où elle purgeait une peine de sept mois pour "délit de résistance et désobéissance civile". Surveillée de très près par la Police nationale révolutionnaire (PNR), la journaliste a regagné son domicile de l'île de la Jeunesse qu'elle a interdiction de quitter. Le 20 novembre, Oscar Mario González Pérez, cofondateur de l'agence Grupo de Trabajo Decoro, a été libéré après un an et quatre mois de détention sans jugement. Arrêté à la veille d'une manifestation dissidente à La Havane, le 22 juillet 2005, il n'avait jamais fait l'objet de la moindre inculpation.

Détenu lui aussi sans la moindre charge, Armando Betancourt, collaborateur indépendant de Nueva Prensa Cubana et directeur d'une petite revue clandestine, El Camagueyano, a été arrêté le 23 mai par la Sécurité de l'Etat (police politique) à Camagüey (Centre). Transféré une semaine plus tard dans une unité de la PNR, il a été placé en cellule d'isolement et interdit de visite. Raymundo Perdigón Brito aura à peine eu le temps de mettre en route la petite agence Yayabo Press qu'il a fondée avec sa sœur le 17 novembre. Le journaliste a été arrêté et condamné, le 5 décembre, à une peine de quatre ans de prison pour "dangerosité sociale prédélictueuse" par le tribunal provincial de Sancti Spíritus (Centre).

Le même refus d'abandonner ses activités a valu à Ahmed Rodríguez Albacia, 22 ans, de l'agence Jóvenes sin Censura, d'être détenu, du 4 au 12 décembre, au quartier général de la Sécurité de l'Etat à La Havane.

Au cours du second semestre, les interpellations et les détentions arbitraires de courte durée ont dépassé en nombre - une trentaine au total -, les menaces ordinaires et les agressions. Le 13 septembre, Odelín Alfonso, correspondant de Cubanet, et Milisa Valle Ricardo, de Jóvenes sin Censura ont passé la journée dans les locaux de la PNR, le premier à La Havane, la seconde à Holguín (Est). Convoqué à deux reprises par la Sécurité de l'Etat, en février et en avril, Roberto Santana Rodríguez, collaborateur indépendant de Cubanet à La Havane, a subi le même sort le 2 novembre. A Santiago de Cuba (Sud-Est), Guillermo Espinosa Rodríguez, de la Agencia de Prensa Libre Oriental (APLO) a écopé de deux ans d'assignation à domicile pour "dangerosité sociale".

La pression ne s'est pas davantage relâchée contre les victimes du "printemps noir" de mars 2003, qu'il s'agisse des vingt journalistes toujours incarcérés ou des bénéficiaires d'une suspension de peine pour raisons de santé. Libérés en 2004, les journalistes indépendants Oscar Espinosa Chepe et Jorge Olivera Castillo, interdits de sortie du territoire, ont dû repasser devant la justice havanaise, l'un pour un "contrôle politique", l'autre pour un travail d'intérêt général. José Ubaldo Izquierdo Hernández, du Grupo de Trabajo Decoro, a été déclaré "inapte à la détention" par la médecine carcérale en raison de son état de santé très dégradé, mais maintenu en prison. Atteint de tuberculose en cellule, Normando Hernández González, directeur du Colegio de Periodistas Independientes de Camagüey, a été admis à l'hôpital le 5 décembre, puis renvoyé en prison le 27. Juan Carlos Herrera Acosta, de l'APLO, et Fabio Prieto Llorente ont enduré les passages à tabac répétés de leurs gardiens. Alberto Gil Triay Casales, de l'agence La Estrella Solitaria, condamné en novembre 2005 à sept ans de prison pour "propagande subversive", a entamé en septembre une grève de la faim.

Le web sous surveillance

Avec moins de deux internautes pour 100 habitants, Cuba figure parmi les pays les plus en retard en matière d'Internet. Une enquête menée par Reporters sans frontières en octobre dernier a révélé que le gouvernement cubain utilise plusieurs leviers pour s'assurer que ce média n'est pas utilisé de manière "contre-révolutionnaire". Tout d'abord, il a peu ou prou interdit les connexions privées au Réseau. Pour surfer ou consulter leurs e-mails, les Cubains doivent donc obligatoirement passer par des points d'accès publics (cybercafés, universités, "clubs informatiques pour la jeunesse", etc), où il est plus facile de surveiller leur activité. Ensuite, la police cubaine a installé, sur tous les ordinateurs des cybercafés et des grands hôtels, des logiciels qui déclenchent un message d'alerte lorsque des mots clés "subversifs" sont repérés. Le régime s'assure par ailleurs que les opposants politiques et les journalistes indépendants n'accèdent pas à Internet. Pour ces derniers, communiquer avec l'étranger est un véritable chemin de croix. Enfin, le gouvernement mise sur l'autocensure. A Cuba, on peut être condamné à vingt ans de prison pour quelques articles publiés sur des sites étrangers et à cinq ans simplement pour s'être connecté au Net de manière illégale. Peu d'internautes osent défier la censure de l'Etat et prendre un tel risque.

De février à août, Guillermo Fariñas Hernández, directeur de l'agence Cubanacán Press à Santa Clara (Centre), a refusé à plusieurs reprises de s'alimenter afin d'obtenir le libre accès à Internet pour tous les Cubains. Le prix Cyberliberté Reporters sans frontières - Fondation de France lui a été attribué le 12 décembre.

http://www.rsf.org/article.php3?id_article=20515

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