Cuba sans Fidel Castro ?
Cuba sans Fidel Castro ?
Le 12-09-2006 à
15:28
Même malade et absent, Fidel Castro a le don de
concentrer l'actualité sur lui. La grande inconnue du sommet des Non-alignés
reste de savoir si Fidel Castro participera en personne aux
activités.
Succédant à la Malaisie, Cuba prend la présidence de ce
mouvement fondé en 1961 à Belgrade, en pleine guerre froide, dans le sillage de
la Conférence de Bandung de 1955, par les pays qui voulaient se distinguer de la
bipolarisation du monde. Aujourd'hui, fort de ses 116 membres pour son 14e
sommet, le Mouvement des pays non alignés représente les deux tiers de
l'Assemblée générale des Nations unies. Une cinquantaine de chefs d'Etat et de
gouvernement sont attendus les 15 et 16 septembre à La Havane, dont le
Vénézuélien Hugo Chávez ou encore l'Iranien Mahmoud Ahmadinejad.
à la veille de l'ouverture du sommet, le ministre
des Affaires étrangères cubain, Felipe Pérez Roque, a répondu en partie aux
attentes du millier de journalistes accrédités à l'occasion de la première
conférence de presse concernant la réunion du Mouvement des non-alignés. "Le
président Fidel Castro dirige la délégation cubaine et recevra plusieurs
personnalités, notamment le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan", a annoncé
le chef de la diplomatie cubaine cité par Granma, le journal officiel de La
Havane.
Reste que pour la première fois, Cuba est dans l'incertitude sur
le réel détenteur du pouvoir : Fidel Castro demeure invisible depuis son
opération, et son successeur désigné Raul Castro brille pas son absence.
Si Fidel Castro se décidait à mourir aujourd’hui, la veillée funèbre
serait peuplée de gens plus nerveux qu’affligés. Pour Raúl Castro, son frère et
héritier désigné, la prise de pouvoir ne serait plus aussi facile. Et encore
moins l’exercice réel du pouvoir. Les témoignages selon lesquels Raúl Castro
aurait été très lié au cartel de Medellín dans les années 1980 viennent de
refaire surface. La nouvelle a éclaté il y a quelques semaines, par le biais
d’une dépêche de Televisión Española : John Jairo Velásquez, surnommé Popeye, le
bras droit et le chef de la sécurité de Pablo Escobar – le baron du cartel de
Medellín, tué par balle en 1993 –, est passé à table. Depuis la prison de
Bogotá, où il est détenu pour assassinat, il a donné toutes sortes de détails
sur les étroites relations existant entre Raúl Castro et les barons de la drogue
colombiens.
Les militaires, le Parti communiste, le ministère de
l’Intérieur et d’autres instances gouvernementales cubaines en sont convaincus :
après la mort du Líder Máximo, l’île aura désespérément besoin d’une
personnalité qui confère une légitimité internationale à un régime impopulaire
et chancelant, totalement anachronique.
Aussi ne peuvent-ils voir d’un
bon œil la désignation à la tête de l’Etat d’un homme ayant trempé dans le
trafic de cocaïne. Ce serait même dangereux, comme on a pu l’observer à Panamá,
après l’invasion qui a renversé Noriega en décembre 1989. Personne au monde
n’avait alors remué le petit doigt pour le défendre.