Cuba impose le silence aux dissidents
Cuba impose le silence aux dissidents
Thierry
Oberlé .
Publié le 07 août 2006
Actualisé le 07 août 2006 :
07h17
Une semaine après l'accident de santé de Fidel
Castro, les militaires renforcent leur présence dans les rues.
À LA
HAVANE, après la surprise provoquée voici une semaine par la décision de Castro
de déléguer provisoirement ses pouvoirs à son frère cadet, Raul, de nombreux
Cubains s'inquiètent de n'avoir pas encore vu le président par intérim. Raul
Castro n'a fait aucune apparition publique depuis cette passation. La population
constate également un renforcement de la présence militaire dans les rues des
principales villes du pays.
Selon des dissidents, qui redoutent des
représailles contre les opposants politiques au régime, le verrouillage est
particulièrement perceptible dans les provinces de l'Est. Ils évoquent des
ordres de vigilance donnés par les autorités locales à des groupes chargés de la
surveillance de leur voisinage. Ces derniers sont encouragés à dénoncer toute
personne qui pourrait dire du mal du Lider Maximo. À Banes, dans la province
d'Holguin, la seule bibliothèque indépendante de la ville a été encerclée par
des groupes de citoyens vérifiant les identités des personnes qui voulaient
entrer.
Interrogé par Associated Press, Eliecer Consuegra Rivas, 33 ans,
chef du mouvement d'opposition Alliance démocratique de l'est, attribue le calme
actuel aux craintes de représailles. «Les messages qu'ils (NDLR : le pouvoir)
nous envoient chaque jour, c'est que nous ne devrions pas sortir de nos maisons
ni parler.»
De son côté, le vice-président cubain Carlos Lage a démenti,
à l'occasion d'une visite officielle en Bolivie, les rumeurs relayées par la
presse internationale, selon lesquelles le dirigeant cubain âgé de 79 ans serait
atteint d'un cancer à l'estomac.
Démentis officiels
«Le chef
d'État cubain Fidel Castro se remet de son intervention à l'estomac», a-t-il
déclaré avant-hier. «Il n'a pas de cancer», a-t-il ajouté. Carlos Lage a précisé
que le Lider Maximo, qui a confié provisoirement les rênes du pays à son frère
Raul, pourrait revenir au pouvoir dans «quelques semaines». D'autres sources
gouvernementales ont indiqué que le Commandante avait recommencé à s'alimenter
et à s'asseoir dans son lit. Sans parvenir à dissiper les doutes sur l'état de
santé réel du vieux dictateur qui aura 80 ans dans six jours.