Dans l'est de Cuba, les dissidents craignent une nouvelle vague de répression
Dans l'est de Cuba, les dissidents craignent une nouvelle vague de répression
--par Laura Wides-Munoz--
AP | 05.08.06 |
19:20
MIAMI (AP) -- Depuis le retrait "temporaire" du pouvoir de Fidel
Castro, les dissidents vivant dans les provinces de l'est de Cuba sont
particulièrement vigilants. Selon eux, les militaires ont renforcé leur présence
dans les rues et disent avoir l'autorisation de recourir à la force contre toute
personne critiquant le gouvernement.
Dans une série d'entretiens réalisés par
téléphone depuis Miami, des dissidents ont confié à l'Associated Press vendredi
qu'ils redoutaient des représailles contre les opposants politiques au
régime.
"Tout le monde sait désormais que Fidel est malade, mais tout le
monde attend", remarquait Juan Carlos Gonzalez Leiva, 41 ans, avocat dans la
province de Ciego de Avila. "On se demande ce qui va se passer. Il y a un
silence tendu. C'est comme si on était dans le centre d'un ouragan".
M.
Gonzalez, devenu aveugle alors qu'il était enfant, a étudié le droit à La
Havane. Il a été accusé en 2002 d'insubordination à Fidel Castro et a passé plus
de deux ans en prison. Son cas a suscité l'attention de la communauté
internationale après l'appel lancé par Amnesty International en faveur de sa
libération.
Selon lui, les autorités locales ont rencontré mardi des groupes
chargés de la surveillance de leur voisinage pour les encourager à dénoncer
toute personne qui pourrait dire du mal du "Lider Maximo".
"Actuellement, je
m'inquiète pour les prisonniers politiques dans ce pays, et ce qui pourrait leur
arriver", a ajouté M. Gonzalez.
Il a raconté que mercredi soir, des gens
étaient venus chez Yamilé Llanes, l'épouse de José Luis Garcia Penequi, et
qu'ils l'avaient menacée. Son mari est l'un des 75 opposants victimes d'une
rafle du gouvernement cubain en 2003 et accusés de travailler pour
l'administration américaine. Les dissidents et Washington ont démenti ces
allégations. Mais M. Garcia reste incarcéré.
M. Gonzalez a également affirmé
que lui et d'autres personnes demandaient au gouvernement d'organiser des
élections libres, et il a exhorté le peuple cubain à ne pas participer aux
attaques contre les dissidents.
Il a expliqué que son épouse avait fui aux
Etats-Unis l'an dernier après avoir subi de tels harcèlements, mais que lui
avait refusé de partir. "Oui, tout le monde aimerait vivre en liberté, mais il y
a des engagements qu'on prend pour le pays et pour les gens", a-t-il
confié.
A Banes, dans la province d'Holguin, Guillermo Llanos Ricardo, 30
ans, rapportait pour sa part que la seule bibliothèque indépendante de la ville
avait été encerclée par des groupes de citoyens vérifiant les identités des
personnes qui voulaient entrer. "Il s'agit de groupes bien connus qui ont incité
à la violence contre des dissidents dans le passé", a-t-il souligné.
De son
côté, Eliecer Consuegra Rivas, 33 ans, chef du mouvement d'opposition Alliance
démocratique de l'est, également dans l'Holguin, attribuait le calme relatif
dans les rues aux craintes de représailles. "Les messages qu'ils nous envoient
chaque jour, c'est que nous ne devrions pas sortir de nos maisons et parler".
AP
http://permanent.nouvelobs.com/etranger/20060805.FAP3839.html?1733