Cuba, le crépuscule des «plantados»
Cuba, le crépuscule des «plantados»
14/03/2007 15:40
Ils ont été les premiers à défier la dictature castriste, souvent après
avoir eux mêmes participé à la révolution de 1959.
Mario Chanes de Armas,
un ancien allié de Fidel Castro dans la Sierra Maestra à passé 30 ans en prison,
plus que Nelson Mandela, mais personnes ne connaît son nom.
Il est décédé
le samedi 24 février, à Miami, victime d'un infarctus, à l'âge de 80
ans.
Né à La Havane le 25 octobre 1926, Mario Chanes de Armas s'est fait
connaître d'abord comme syndicaliste. Militant du Parti orthodoxe, il fait la
connaissance de Castro après le coup d'Etat du général Fulgencio Batista, en
1952. Il participe à l'attaque contre la caserne Moncada, le 26 juillet 1953,
acte fondateur du mouvement castriste. Condamné à quinze ans de prison, il est
amnistié deux ans plus tard.
Mario Chanes participe également au
débarquement du Granma, en 1956, qui donne le coup d'envoi à la guérilla de la
sierra Maestra. Egaré, il rejoint la résistance urbaine. Après la chute de la
dictature de Batista, il refuse d'intégrer les rangs de la nouvelle police et
s'éloigne du régime castriste, lorsque surgit le clivage entre catholiques et
communistes.
Le 17 juillet 1961, Mario Chanes est arrêté sous
l'accusation de préparer un attentat contre Fidel Castro, ce qu'il a toujours
nié. Condamné à trente ans de prison, il ne bénéficiera d'aucune mesure
d'élargissement avant le terme de sa condamnation.
En prison, il rejette
le programme de rééducation des autorités pénitentiaires, ainsi que l'uniforme
des prisonniers de droit commun, imposé par un régime qui ne veut pas
reconnaître à ses opposants le statut de prisonnier politique. Les Cubains
appellent ces irréductibles les "plantados". Mario Chanes est resté sept ans
enfermé dans un minuscule cachot, nu. En prison, il a perdu son jeune fils et
ses parents, sans être autorisé à assister à leurs funérailles.
Un autre
oublié du Goulag cubain a lui aussi disparu récemment : Gustavo Arcos, pionnier
de la dissidence cubaine est mort d'une pneumonie à La Havane l'été dernier à
l'âge de 79 ans, peu de temps après la passation de pouvoir de Fidel
Castro.
Catholique, libéral et démocrate, Gustavo Arcos avait rejoint
Fidel Castro dans sa jeunesse pour participer à l'assaut de la caserne de la
Moncada en juillet 1953, acte fondateur du castrisme, avant de rompre après la
victoire obtenue par les armes en 1959. «C'est là qu'a commencé ce que nous
appelons la grande trahison», avait-il déclaré en 2003 à propos du virage
marxiste-léniniste de Castro après 1959.
Ambassadeur de Cuba à Bruxelles
de 1960 à 1964, il avait été emprisonné une première fois par le régime de 1966
à 1969, pour trahison. De nouveau jeté en prison de 1982 à 1988, il avait été
accusé cette fois de «tentative de sortie illégale du territoire».