Trois correspondants étrangers à La Havane déclarés "persona non grata"
Liberté de la presse
Trois correspondants étrangers à La Havane déclarés
"persona non grata"
LE MONDE | 24.02.07 | 14h16 • Mis à jour le 24.02.07 |
14h16
Trois correspondants étrangers en poste à Cuba ne sont plus
autorisés à y travailler, a-t-on appris, vendredi 23 février, auprès de leurs
médias respectifs. Il s'agit de Stephen Gibbs, correspondant de la BBC, de Gary
Marx, du quotidien américain Chicago Tribune, et de Cesar Gonzalez-Calero, du
quotidien mexicain El Universal.
Leurs accréditations n'ont pas été
renouvelées par le gouvernement cubain. La Havane a donné quatre vingt-dix jours
au journaliste américain pour quitter Cuba, où il travaillait depuis 2002. Cesar
Gonzalez-Calero, présent dans l'île depuis 2003, s'est vu notifier par le Centre
de presse international (chargé des relations avec les médias étrangers) que "sa
façon d'apprécier la situation cubaine n'est pas la plus convenable pour le
gouvernement cubain".
Les autorités l'accusent d'écrire des "informations
non équilibrées, de manquer d'objectivité et de publier des articles contre
Cuba". Cependant, "aucune erreur de contenu ou de faits n'a été avancée",
précise le journaliste mexicain. "Ils ne m'ont pas donné d'exemples de travail
négatif", renchérit M. Marx, qui a fait l'objet de reproches
similaires.
AUTOCENSURE
Selon Roberto Rock, vice-président et
directeur éditorial d'El Universal, le non-renouvellement de l'accréditation
revient, à terme, à une expulsion du pays. "C'est une atteinte à la liberté de
la presse", a-t-il ajouté. Il relève que ces décisions touchent des médias basés
dans trois différentes régions du monde (Etats-Unis, Europe et Amérique latine).
Selon lui, "il s'agit d'inhiber la couverture journalistique dans
l'île".
Ces mesures mettent d'ores et déjà la pression sur les autres
journalistes étrangers accrédités à La Havane, y compris ceux des agences de
presse. Ils sont ainsi indirectement invités à adopter l'autocensure à laquelle
sont déjà soumis les journalistes cubains, qui travaillent pour des médias
contrôlés par le parti unique.
Sept mois après la passation de pouvoirs
de Fidel Castro à son frère Raul, le 31 juillet 2006, les autorités tentent de
verrouiller l'information. A La Havane, les autorités redoublent de zèle contre
les raccordements sauvages aux antennes paraboliques qui permettent de capter
des chaînes étrangères. Le 13 février, le ministre de l'informatique et des
télécommunications, Ramiro Valdés, a qualifié les nouvelles technologies de
"nouveaux mécanismes d'extermination globale".
Ex-ministre de l'intérieur
et créateur de la police politique, M. Valdés a attribué le retard de Cuba dans
le domaine du numérique au "blocus américain", alors que le régime restreint
l'usage d'Internet aux personnes de confiance.
Paulo A. Paranagua
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3222,36-875831,0.html?xtor=RSS-3210