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1 février 2007

L'automne du patriarche à Cuba

L'automne du patriarche à Cuba
01/02/2007 07:33

L'histoire joue parfois des tours pendables à ceux qui l'écrivent : voici une citation de Gabriel Garcia Marquez qui décrit assez bien la situation actuelle de Cuba.

« … Le peu de journaux qui se publiaient encore étaient dédiés à proclamer son éternité et à falsifier sa splendeur avec des images d'archives, ils nous le montraient jour après jour dans ce temps statique de la une, vêtu de l'uniforme tenace des cinq soleils tristes du temps de sa gloire, avec plus d'autorité, d'agilité, de santé que jamais, même si depuis des années nous avions perdu le compte de ses années à lui, il inaugurait à nouveau des monuments connus et des installations de service public que personne ne connaissait dans la vie réelle, il présidait des réunions solennelles que l'on disait d'hier et qui en réalité dataient du siècle dernier…
… nous nous trouvions inertes devant cette évidence, face à un corps pestilentiel que nous étions incapables de remplacer dans le monde car il s'était refusé dans ses instances séniles à prendre aucune décision sur le destin de la patrie après lui, il avait résisté avec l'entêtement invincible de la vieillesse à toutes les suggestions qui lui furent proposées… il était si lucide et si têtu que nous n'avions obtenu de lui que des réponses évasives et des délais chaque fois que nous abordions l'urgence d'organiser son héritage, car il disait que penser le monde après soi était quelque chose qui portait autant malheur que la mort elle-même, au diable, si de toute façon après ma mort les politiciens reviendront pour se répartir ce fourreau, vous verrez, disait-il, ils se répartiront à nouveau tout entre les curés, les gringos et les riches, et rien pour les pauvres…»

L'automne du patriarche, Gabriel Garcia Marquez, 1975.

voir http://fragmentsdile.blogspot.com/ pour la citation complète

Gabriel Garcia Marquez, ami personnel de Fidel Castro, n'a évidemment pas écrit ce texte en pensant à Castro, mais plutôt aux vieux caudillos latinos américains du style Trujillo. Mais de fait, le texte semble ironiquement avoir été écrit précisément pour décrire la fin de règne de Fidel. Dans sa dernière édition (janvier/février 2007) le magazine américain Foreign Policy donne la parole à Carlos Alberto Montaner, journaliste cubain exilé en Espagne. Lui aussi pense que Castro appartient à la même catégorie que l'ex président dictateur Dominicain.

« Le pouvoir de Fidel Castro n'est pas transférable. Il a beau être communiste, il appartient au même stock anthropologique que Francisco Franco ou Rafael Trujillo : le militaire autocratique. Ce type d'autorité basée sur un mélange de respect et de peur ne peut pas être transférée. » prédit Carlos Alberto Montaner.

En revanche, force est de constater que l'effacement de Castro, n'a pas provoqué de troubles majeurs à Cuba. Les ennemis de Fidel Castro en exil prédisent depuis longtemps que la fin de son règne à Cuba provoquera des scènes de liesse dans les rues de l'île communiste, un exode massif et une transition rapide vers une démocratie de type américaine ainsi qu'une économie de marché. Pourtant, six mois après le transfert du pouvoir au frère du Lider Maximo, la vie n'a guère changé sur l'île.

Tandis que le vieux dirigeant se remet de l'opération aux intestins qui l'a forcé à transmettre le pouvoir exécutif à son frère Raul le 31 juillet 2006, les Cubains vaquent à leurs occupations.Les autorités ne parlent plus de son retour au pouvoir. On ne voit pas d'exode massif ni de signe de changement politique imminent. De toute façon, les responsables cubains ont déjà fait ce que leurs ennemis considéraient comme impossible: ils ont construit un système communiste post-castriste. Finalement, la seule chose différente à Cuba aujourd'hui, c'est que son gouvernement, au lieu d'être dirigé par une seule personne, est conduit par sept hommes, Raul Castro à leur tête.

Six mois après que Fidel Castro a délégué "à titre provisoire" ses pouvoirs à son frère Raul, des signes timides d'ouverture se font jour à Cuba. Depuis octobre, les médias, contrôlés par l'Etat, diffusent des articles concernant des détournements et des vols au sein d'entreprises publiques et d'autres déficiences de l'économie cubaine dont la mention était naguère impensable.

Dans des déclarations publiques inhabituelles, des intellectuels cubains ont dénoncé pour leur part la réapparition des censeurs responsables il y a trente ans des listes noires d'écrivains et d'homosexuels. Le gouvernement a reconnu avoir commis une erreur et autorisé quelque 400 écrivains et artistes à participer mardi à une réunion sans précédent consacrée aux purges culturelles des années 1970.

Pour les spécialistes du régime, Raul, s'il n'a pas le charisme de son frère, tient fermement le pouvoir et gouverne sur un mode très différent, partageant les responsabilités et déléguant à d'autres dirigeants la représentation de Cuba lors de manifestations internationales.

"Ce qu'il y a de bien avec Raul, c'est qu'il a une capacité d'écoute", relève sous le couvert de l'anonymat un autre économiste cubain qui souligne que le dirigeant intérimaire a commandé des études sur les moyens de relancer l'économie ou d'accroître la production alimentaire sans exclure la propriété privée des outils de production.

Raul a surpris les Cubains en les incitant à plus de discussions sur les politiques du gouvernement et en appelant à une gestion plus transparente de l'Etat. Le pays, a-t-il dit, est fatigué des excuses et des retards, par exemple dans le paiement des agriculteurs indépendants qui fournissent 60% de sa production.

"Raul s'est attaché à abandonner la quête de boucs émissaires que pratiquait Fidel. Au contraire, il admet que les problèmes de la révolution sont sérieux et d'origine interne", estime Brian Latell, ancien analyste de la CIA et auteur d'"After Fidel", un ouvrage consacré à la succession du leader cubain.

http://www.cubantrip.com/actu/detail_news.php?recordID=360

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