Les Cubains se demandent s'ils reverront encore Fidel Castro
Jeudi 14 décembre 2006, 7h32
Les Cubains se demandent s'ils reverront encore Fidel Castro
LES CUBAINS S'INTERROGENT: REVERRONT-ILS FIDEL CASTRO ?
LA HAVANE (Reuters) - Les Cubains se demandent de plus en plus s'ils reverront jamais Fidel Castro, l'homme qui les a dirigés pendant 47 ans avant de transmettre le pouvoir à son frère cadet Raul, le 31 juillet dernier, pour raisons de santé.
Castro n'est pas apparu en public depuis qu'il a subi une opération à l'intestin et a transmis ses pouvoirs de président, à titre provisoire, à Raul, ministre de la Défense, âgé de 75 ans.
Les autorités n'ont pas dit à la population de quel mal souffrait Castro, qui a eu 80 ans cet été et a pris les commandes du pays en 1959.
"A la télévision, ils mentionnent rarement son nom et lorsqu'ils le font, c'est comme s'il était déjà mort", explique Roberto, qui ne donne que son prénom.
"Le silence officiel prépare le pays" à sa mort, estime de son côté Walter, un artiste. "Mais les gens l'aiment beaucoup et veulent savoir ce qui ne va pas".
Il n'y a aucun moyen de savoir ce que pense réellement l'opinion publique de ce pays à parti unique, où les médias sont étroitement contrôlés par l'Etat et le parti communiste, mais bon nombre de Cubains reconnaissent penser que Castro est peut-être en train de "partir".
Le fait qu'il ne soit pas apparu lors du défilé militaire du 2 décembre, marquant le 50e anniversaire du lancement de la guérilla qui l'avait porté au pouvoir, est le signe le plus évident laissant penser qu'il ne reviendra pas à la tête du pays.
Le gouvernement cubain a publié la semaine dernière un CD-rom comportant 998 discours de Fidel Castro, dans le cadre d'une série d'hommages au dirigeant qui ont convaincu de nombreux Cubains qu'il était au seuil de la mort.
CASTRO N'A PAS TÉLÉPHONÉ À SON AMI CHAVEZ
Les Cubains ont appris mardi que la Corée du Nord, allié communiste de Cuba, avait décerné à Castro le titre de "héros du travail" et nul n'a été surpris de son absence à la cérémonie.
"Lorsque Fidel ne sera plus là", est devenu la rengaine utilisée par les dirigeants cubains lorsqu'ils veulent indiquer que le système politique du pays perdurera après la disparition du dirigeant historique.
Le fait que Castro n'ait même pas téléphoné à son ami et allié Hugo Chavez pour sa réélection à la présidence du Venezuela, le 3 décembre, laisse penser que sa santé a continué de se détériorer. Des rumeurs selon lesquelles il était déjà mort ont couru dans les milieux d'exilés cubains à Miami.
Castro n'a pas non plus rencontré son vieil ami Gabriel Garcia Marquez, prix Nobel colombien de littérature, qui se trouve à La Havane, selon un ami de l'écrivain.
Aux Etats-Unis, certains responsables pensent que Castro est atteint d'un cancer en phase terminale, ce que La Havane a démenti à plusieurs reprises. Les autorités cubaines assurent qu'il est en convalescence, même si les responsables sont de moins en moins nombreux à le dire à La Havane.
Depuis vendredi dernier, la télévision cubaine a diffusé des extraits d'une récente conférence qui s'est tenue sur le rôle de Castro dans l'histoire et qui a réuni des intellectuels et hommes politiques de gauche venus de dizaines de pays.
"Les ennemis de la révolution comptent les minutes et souhaitent la mort de Fidel", a déclaré le ministre cubain des Affaires étrangères, Felipe Perez Roque, lors de cette conférence. "Ce qu'ils ne comprennent pas, c'est que Fidel n'est plus seulement Fidel, il est son peuple".
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