Elections au Perou : un revers pour Hugo Chavez et Fidel Castro
Elections au Perou : un revers pour Hugo Chavez et Fidel Castro
Le 06-06-2006 à 11:54
Alors
que les Péruviens viennent d'élire à leur tête le social-démocrate Alan
Garcia, deux gauches concurrentes semblent se disputer le pouvoir en
Amérique latine.
Si le virage à gauche de l'Amérique latine, est incontestable
il y a en fait deux gauches dans cette région : la première a des
racines radicales, mais est aujourd'hui ouverte et moderne; la deuxième
est fermée, marxisante (au moins dans son discours et avec son alliance
avec Cuba) et bruyamment populiste.
La gauche moderne acceptant l'économie sociale de marché
serait celle du Brésilien Ignacio Luiz Lula da Silva, qui briguera en
octobre un deuxième mandat, et de la Chilienne Michelle Bachelet, élue
le 15 janvier; la gauche populiste serait celle d'Hugo Chavez et d'Evo
Morales avec l'autocatre de Cuba Fidel Castro, en vedette américaine.
Avec le "changement responsable" pour slogan, Alan Garcia se range lui-même dans le camp des "modernes".
La crise régionale née de la nationalisation du gaz et du
pétrole boliviens, le 1er mai, illustre les divergences entre les "deux
gauches" latino-américaines.
De Saint-Domingue, où il participe à la réunion ministérielle
de l'Organisation des Etats américains (OEA), Robert Zoellick, le
numéro deux du département d'Etat de l'administration Bush, se
réjouissait dimanche soir de "voir que des démocraties en Amérique
latine ont le sentiment que le Venezuela empiète sur leurs propres
processus démocratiques en prétendant parler en leur nom".
Lundi, il a enfoncé le clou: "La division à laquelle nous
sommes aujourd'hui confrontés, a-t-il affirmé, ce n'est pas une
division entre la gauche et la droite, mais entre les démocrates et les
autocrates, qu'ils soient élus ou non."
Il s'agit bien évidemment d'une allusion à Hugo Chavez (élu)
et au dictateur cubain Fidel Castro (au pouvoir depuis 47 ans sans
élections démocratiques).
L'"axe alternatif" de l'alternative bolivarienne regroupe pour
l'heure le Venezuela d'Hugo Chavez, le Cuba de Fidel Castro et la
Bolivie d'Evo Morales, premier Indien élu à la présidence du plus
pauvre des pays andins le 18 décembre dernier.
Accueillant en janvier dernier le Forum social mondial, Chavez
développait son projet en parodiant le style de Che Guevara et
affrimant son souhait de "créer une, deux, trois Bolivies en Amérique
latine, dans les Caraïbes". Che Guevara avait pour sa part exprimé le
souhait en 1965 de créer "un, deux trois Vietnam en Amérique latine."
Hugo Chavez a cependant un avantage de taille sur Che Guevara
: le pétrole. Il s'en sert comme d'une véritable arme politique comme
en ce moment au Nicaragua, où il appuie la candidature du sandiniste
Daniel Ortega à la présidentielle de novembre, en livrant du pétrole à
des prix avantageux à la cinquantaine de villes administrées par le
parti sandiniste.
En Equateur, où l'élection est fixée en octobre, il a conclu
le mois dernier un accord de coopération gazière et pétrolière. "Nous
respectons les politiques intérieures de chaque pays. Nous ne voulons
que l'intégration, qui est essentielle à l'avenir de nos peuples",
a-t-il dit à cette occasion Quito.
Le Pérou aurait pu être le quatrième membre de "l'axe
chaviste". Mais les électeurs en ont décidé autrement en accordant 53%
de leurs suffrages à Alan Garcia face à Ollanta Humala, nationaliste de
gauche dont Chavez soutenait la candidature.
Au Mexique, Andres Manuel Lopez Obrado, candidat de la gauche
à la présidentielle du 2 juillet, était largement en tête des sondages.
Un spot dévastateur du Parti de l'action nationale (PAN, droite au
pouvoir) l'associant à Chavez a rebattu les cartes et le scrutin
s'annonce très serré entre le chef de file du Parti de la révolution
démocratique (PRD) et Felipe Calderon, l'héritier désigné du président
Vicente Fox.
Avec neuf élections présidentielles prévues en Amérique
latine, l'année 2006 devait être celle d'une confirmation ou non du
virage à gauche amorcé ces dernières années.