Cuba toujours parmi les plus grandes prisons du monde pour journalistes
Cuba toujours parmi les plus grandes prisons du monde
pour journalistes
Le 03-05-2006 à 08:48
Selon Reporters sans frontières, qui
dénonce la mort de 63 journalistes en 2005; les plus grandes prisons de la
planète pour journalistes varient peu: la Chine, Cuba, l'Erythrée, l'Ethiopie,
l'Iran, la Birmanie.
Au moins 63 journalistes et cinq collaborateurs des
médias ont été tués dans le monde en 2005, selon le rapport annuel de Reporters
sans frontières (RSF).
Par ailleurs, au moins 807 journalistes ont été
interpellés, plus de 1.300 agressés ou menacés et un millier de médias censurés
en 2005. Près du tiers de la population mondiale vit dans un pays où il n'existe
aucune liberté de la presse, la situation étant particulièrement préoccupante au
Moyen-Orient, en Asie et en Afrique.
Le nombre de journalistes tués en 2005
est le plus élevé depuis 1995, année noire de l'islamisme radical algérien.
"Aujourd'hui, dans certains pays comme le Bangladesh, les Philippines, le
Nigeria ou le Mexique, la violence fait partie du quotidien des journalistes",
souligne RSF.
Depuis début 2006, 16 journalistes et six collaborateurs
des médias ont été tués. Actuellement, 120 journalistes et 56 "cyberdissidents"
sont emprisonnés pour avoir simplement voulu faire leur métier, précise
l'organisation basée à Paris: "Les plus grandes prisons de la planète varient
peu: la Chine, Cuba, l'Erythrée, l'Ethiopie, l'Iran, la Birmanie".
Aucun
média n'échappe à la censure, pas même les blogs sur Internet. "A ce jeu-là, la
Chine conserve une longueur d'avance, mais d'autres nations rattrapent leur
retard", explique l'organisation de défense de la presse.
Au Maghreb et
au Moyen-Orient, la liberté et la sécurité des journalistes sont mises à rude
épreuve. Marquée par la guerre en Irak et le conflit israélo-palestinien, la
région a connu une recrudescence de la violence l'an dernier.
"Avec 27
journalistes tués en 2005, le Moyen-Orient a été, pour la presse, la zone la
plus meurtrière du globe", note RSF. "L'insécurité qui règne en Irak en est la
principale raison", avec 24 des 63 journalistes tués tombés dans ce pays. En
Libye, Iran, Tunisie, Syrie et Arabie saoudite, pays "parmi les plus répressifs
de la planète, "les gouvernements exercent un contrôle absolu sur
l'information".
En Afrique, l'impunité est la règle. Parmi les pays
montrés du doigt, l'Erythrée, "fermée et bâillonnée" depuis plus de cinq ans, le
Zimbabwe où le président Robert Mugabe "ne tolère aucune voix discordante", ou
la République démocratique du Congo (RDC), qui a connu une vague d'assassinats
de journalistes.
En Asie, le roi Gyanendra du Népal, tenté par
l'absolutisme, a ordonné plus de la moitié des cas de censure survenus dans le
monde, souligne RSF. "A 567 reprises, l'administration royale a interdit la
diffusion des informations dans les nombreuses publications et radios
indépendantes du pays. Les journalistes entrés en résistance ont partiellement
fait plier le roi, dans la rue ou devant les tribunaux."
Autres points noirs
du continent, la Corée du Nord toujours soumis à la "propagande assourdissante"
du régime, la Birmanie et la Chine.
Sur le continent américain, sept
journalistes et un collaborateur des médias ont été tués en 2005, la région
restant zone à risque, "même si la liberté d'informer y est officiellement
reconnue dans tous les pays, à l'exception de Cuba".
Dans la zone
Europe-Russie-Asie centrale, la situation s'est globalement aggravée: "cinq
journalistes y ont été assassinés pour des raisons professionnelles (contre deux
en 2004) et la dérive autoritaire de certains Etats issus de l'ancien bloc
soviétique s'est accentuée." Les conditions de travail se sont détériorées
notamment en Ouzbékistan, au Bélarus, en Russie et en Azerbaïdjan. En Russie, où
deux journalistes ont été tués en 2005, les actes de violence à leur encontre
sont nombreux.
Même si la situation est bien meilleure en Europe de
l'Ouest, des progrès restent encore à faire, affirme RSF. Au sein de l'Union
européenne, notamment en France, Italie, Belgique et Pologne, l'année 2005 a été
marquée par un nombre élevé de perquisitions et de convocations de journalistes,
sommés de livrer à la police le nom de leurs sources.
"Alors que la
jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme considère que 'la
protection des sources journalistiques est l'une des pierres angulaires de la
liberté de la presse', plusieurs Etats membres ont multiplié les atteintes à ce
principe essentiel", s'indigne RSF.
Malgré un tableau général plutôt
sombre, RSF fait aussi état de bonnes nouvelles. Ainsi "en Inde, dans la
province indonésienne d'Aceh et dans certains pays d'Amérique centrale, les
médias travaillent de plus en plus librement", tandis que le Mexique "a mis en
place un parquet fédéral spécial pour enquêter sur les attaques contre des
journalistes".