Castro, opération communication

Samedi 22 Septembre 2007
Castro, opération communication
Par Maud PIERRON
leJDD.fr

Trois mois après sa dernière apparition télévisée, Fidel Castro s'est montré à la télévision cubaine vendredi soir, mettant fin aux spéculations sur son état de santé. Il en a profité pour faire la promotion de son dernier essai et critiquer les Etats-Unis, mais le but était ailleurs: montrer sa relative bonne mine. Castro a certes semblé fatigué, mais toujours lucide.

Fidel Castro est apparu affaibli, mais lucide et au courant de l'actualité. (Reuters)Fidel Castro est apparu affaibli, mais lucide et au courant de l'actualité. (Reuters)

Depuis fin juillet 2006 et ses ennuis de santé, Fidel Castro a troqué son costume militaire pour un survêtement tricolore siglé à son nom: c'est dans cet apparat désormais traditionnel qu'il s'est présenté aux caméras de télévision. L'entretien d'une heure diffusé par la chaîne de télévision cubaine a été enregistré vendredi après-midi, avec le présentateur vedette Randy Alonso.

Durant cette interview, le lider Maximo, âgé de 81 ans, n'a pas évoqué son état de santé ou son retour aux affaires à la tête de Cuba mais a fait part de ses réflexions sur l'actualité, prouvant ainsi qu'il se tenait au courant des affaires du monde. "Hier, l'euro était à 1,41 dollar. Le pétrole, je crois, aux alentours de 84 dollars le baril", a-t-il dit, s'exprimant lentement et à voix basse. Il a également moqué les Etats-Unis et leur "papier sans garantie", le dollar, en raison du décrochage de ce dernier.

Chavez évoque les transfusions sanguines de Castro

Fidel Castro a ensuite parlé de ses dernières lectures, notamment les mémoires d'acteurs de la guerre froide, tels Regan ou Margaret Thatcher. Il avait également à la main un exemplaire du livre d'Alan Greenspan, l'ancien président de la Réserve fédérale, publié cette semaine. Cet enregistrement-surprise a remplacé les programmes habituels et s'apparente avant tout à une opération de communication, destinée à tordre le cou aux rumeurs qui présentent Castro comme mourant. De fait, depuis le 26 juillet dernier et une hémorragie intestinale, Fidel castro n'est plus réapparu en public et a délégué ses pouvoirs à son frère Raul. Dernièrement, les bruits les plus alarmistes circulaient à son sujet, évoquant des rechutes.

De plus, son absence totale - ni lettre, ni message, ni photo - lors de la fête nationale le 26 juillet dernier ou pour ses 81 ans, le 13 août dernier, avait amplifié ses rumeurs. Des déclarations d'Hugo Chavez, le président vénézuélien, très proche de Castro avaient également inquiété. Il avait confié que le président cubain avait reçu de nombreuses transfusions sanguines et qu'il avait frôlé la mort, sans préciser s'il évoquait des faits récents où l'opération pratiquée l'an dernier après une hémorragie intestinale. "Fidel va bien, il n'a évidemment pas terminé sa convalescence. Il a bien sûr un petit problème, mais il peut encore vivre ainsi pendant une centaine d'années", a-t-il précisé vendredi au cours d'une visite dans la cité amazonienne de Manaus, au Brésil.

Le vice-président Carlos Lage a fait valoir que ses éditoriaux et autres essais politiques et historiques attestent l'amélioration de son état de santé. "Fidel récupère", a ajouté le ministre des Affaires étrangères, Felipe Perez Roque, s'adressant à la presse à La Havane. "Cela a été une période fertile de travail, de lecture, d'étude et d'écriture, sans cesser d'être impliqué dans les principales décisions du pays, pour lesquelles il est consulté". A La Havane, le message est on ne peut plus clair: le "líder máximo" va bien.

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