Les Etats-Unis et Cuba en bisbille sur les visas
Les Etats-Unis et Cuba en bisbille sur les visas
Selon La Havane,
Washington ne respecte plus les accords.
Par Jean-Hébert
Armengaud
QUOTIDIEN : vendredi 20 juillet 2007
Jusqu'où peut aller l'hypocrisie du régime cubain dans sa rhétorique
antiaméricaine ? La dictature des frères Castro vient d'accuser grosso modo
Washington de ne pas être assez efficace. comme terre d'accueil pour les
milliers de Cubains qui essaient de fuir l'île chaque année - pour des raisons
politiques mais surtout économiques. Selon ce qu'écrit La Havane en première
page du quotidien officiel Granma, les Etats-Unis ne pourront pas respecter
cette année le quota de 20 000 visas d'émigration accordés chaque année depuis
1994 : «Cette politique irresponsable du gouvernement américain stimule
l'indiscipline sociale.» Comprendre : les départs ou tentatives de départ
clandestins, sur des barques ou des radeaux, pour atteindre la Floride, à
quelque 150 km de là.
C'est justement une de ces vagues de boat people qui
avait provoqué l'accord de 1994 prévoyant la soupape des 20000 visas annuels. Le
nombre de candidats à ces visas d'émigration permanente accompagnés de permis de
travail, est quatre à cinq fois supérieur chaque année. 15 % de la population
cubaine a déjà fui son pays. La majorité des émigrés vivent aux
Etats-Unis.
La Section des intérêts américains (Sina) à La Havane, qui fait
office d'ambassade (les deux pays n'ont pas de relations diplomatiques
officielles) a reconnu qu'elle ne pourrait effectivement pas traiter les 20 000
visas prévus cette année. Mais selon elle, la faute en revient au régime cubain,
qui ne l'a pas autorisée à embaucher suffisamment de personnel local et qui a
«bloqué en zone portuaire plusieurs conteneurs américains chargés d'équipement
indispensable à l'émission de ces visas.»
Mais La Havane n'en démord pas :
Washington «viole» l'accord de 1994 pour chercher à «déstabiliser» le pays dans
une offensive de «propagande subversive et de guerre psychologique contre Cuba».
Pendant ce temps, la file des demandeurs de visas s'allonge devant la Sina à La
Havane : «C'est une guéguerre politique et, comme d'habitude, nous, on se
retrouve coincés entre les uns et les autres», témoignait récemment l'un des
candidats à l'émigration.
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