Cuba attend Hugo Chavez, «porte-parole médical» non-déclaré de Castro

Le mardi 05 décembre 2006
Cuba attend Hugo Chavez, «porte-parole médical» non-déclaré de Castro
Patrick Lescot
Agence France-Presse
La Havane

Cuba, plongé dans l'inquiétude depuis samedi sur l'état de santé de Fidel Castro, était suspendu mardi à l'annonce d'une visite ou non à son chevet d'Hugo Chavez, seul signal fort à même de lever le doute suscité par le silence du chef de l'État.

Le tardif message écrit de félicitations de Fidel Castro à son allié et «fils spirituel» vénézuélien, à la Une mardi de la presse officielle, n'a guère convaincu.

Reproduisant la signature du dirigeant cubain au bas du document daté du 4 décembre, le court message adressé à «Hugo» salue sa victoire électorale «écrasante» et son «exploit politique», qui lui valent «la reconnaissance des peuples opprimés du monde». Mais il ne dit mot de sa santé.

Très attendu samedi pour le défilé militaire en son honneur sur la place de la Révolution, Fidel Castro n'y est pas apparu et n'a fait parvenir aucun message.

«Ce qu'il faut, c'est qu'on le voie. Ils doivent nous le montrer à la télévision, parce qu'un message écrit, ça n'est pas pareil. Les gens parlent de tout depuis samedi : qu'il est dans le coma, ou au contraire que c'est une stratégie de sa part pour nous habituer à son absence», a déclaré un quadragénaire cubain d'une entreprise commerciale, résumant l'opinion de la plupart de ses compatriotes.

Véritable rituel, une visite à son chevet d'Hugo Chavez, surnommé à Cuba «le porte-parole médical» de Fidel, est jugée incontournable après sa victoire qu'il a dédiée à celui qu'il nomme son «père».

«S'il ne vient pas, c'est que le message qu'il reçoit de La Havane est que Fidel n'est pas en état de le recevoir. Et dans ce cas, c'est que son état est grave», analysait mardi un diplomate occidental.

Au lieu de Cuba, l'agenda du président vénézuélien prévoit un séjour au Brésil mercredi et jeudi et en Bolivie vendredi.

Hugo Chavez s'est rendu quatre fois au chevet de Fidel Castro depuis sa grave opération chirurgicale subie en urgence le 27 juillet et, depuis Caracas, il affirme régulièrement avoir des nouvelles de son état.

Officiellement, le vieux dirigeant cubain «se rétablit», mais il n'a plus été vu à la télévison depuis le 28 octobre, une dernière apparition qui faisait suite à un silence de 40 jours après le sommet des Non-alignés de septembre.

Plus proche encore de Fidel Castro qu'Hugo Chavez, le prix Nobel de littérature Gabriel Garcia Marquez, 78 ans, se trouve à La Havane depuis une semaine pour un séjour de quelques semaines encore. L'écrivain colombien, lui-même en mauvaise santé, n'a encore fourni aucune indication sur une rencontre avec le «lider maximo».

Autre habitué du chef de l'État, Diego Maradona, l'ancienne star du football argentin, avait annoncé qu'il sera mardi à La Havane pour offrir un «cadeau» à son protecteur. Aucune indication non plus sur son arrivée n'avait été fournie à la mi-journée.

Pendant ce temps, Raul Castro, frère cadet de Fidel, chargé de l'interim depuis sa maladie, continuait d'assumer dans la discrétion ses nouvelles fonctions, recevant des délégations de militaires de haut rang des «partis frères» de Chine, du Vietnam et du Laos, selon la presse officielle.

Raul Castro, ministre de la Défense et numéro deux du régime, a présidé le défilé militaire de samedi.

Fidel Castro avait lui-même fixé à cette date les festivités reportées de l'anniversaire de ses 80 ans, depuis son lit d'hôpital le 13 août. Les causes exactes de l'hémorragie intestinale dont il a été opéré demeurent inconnues.

Diverses pathologies, dont le cancer, peuvent expliquer la faiblesse persistante d'un patient octogénaire sortant d'une opération chirurgicale, ont indiqué des spécialistes étrangers.

http://www.cyberpresse.ca/article/20061205/CPMONDE/612051466/1050/CPARTS02