L'OEA devrait rétablir le dialogue avec Cuba
José Miguel Insulza, secrétaire général de l'OEA
"L'OEA devrait rétablir le dialogue avec Cuba"
LE MONDE | 07.06.06 | 15h26 • Mis à jour le 07.06.06 | 15h26
SAINT-DOMINGUE CORRESPONDANT
L'assemblée de l'Organisation des Etats américains (OEA), qui a pris fin le mardi 6 juin à Saint-Domingue, a-t-elle été marquée par les polémiques ?
Il existe des difficultés entre le Venezuela et le Pérou, mais je ne crois pas qu'on puisse parler de division en Amérique latine. Sept élections ont eu lieu depuis décembre 2005. Après les six scrutins qui doivent être organisés d'ici fin 2006, le ton va baisser. Nous n'avons jamais connu une période aussi chargée, il est normal que les esprits s'échauffent durant une campagne électorale.
La tension monte entre Washington et Caracas. Que pouvez-vous faire pour calmer le jeu ?
Il faut distinguer entre la rhétorique, qui me semble excessive, et les relations économiques qui restent excellentes. Avec des exportations de 9,2 milliards de dollars au cours des premiers mois de cette année, le Venezuela figure parmi les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis.
Je pense que les intérêts économiques prédominent même si des éléments idéologiques peuvent créer des difficultés. Mais lorsqu'il s'agit de problèmes entre deux pays, l'OEA ne peut agir qu'à leur demande commune.
L'absence de la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice est-elle une manifestation du manque d'intérêt des Etats-Unis pour l'Amérique latine ?
Son absence a provoqué une certaine désillusion, compensée par le fait qu'elle a été remplacée par le sous-secrétaire Robert Zoellick, bien connu en Amérique latine en raison de son rôle dans les négociations commerciales. C'est une tradition regrettable, mais la diplomatie américaine consacre beaucoup plus de temps à ses adversaires qu'à ses amis.
Cuba doit-il rester à l'écart de l'OEA ?
Lorsque j'étais ministre des affaires étrangères (du Chili),
j'ai toujours été favorable à la reprise du dialogue avec Cuba. Je n'ai
jamais été optimiste au point de penser que l'ouverture de ce dialogue
permettrait de réintégrer Cuba à l'OEA. Je continue néanmoins de penser
qu'il serait bon d'établir ce dialogue. Ceux qui parlent de transition
à Cuba vont devoir comprendre qu'il faudra parler avec ceux qui ont un
minimum de relation avec l'île, avec le gouvernement de Cuba et les
forces internes. Le retour de Cuba (à l'OEA) me paraît lointain
et difficile car il suppose un minimum de consensus, mais il faudrait
rétablir le dialogue et améliorer la connaissance de ce pays proche de
nous.
Propos recueillis par Jean-Michel Caroit
Article paru dans l'édition du 08.06.06
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