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21 mai 2009

Les "mules": des pourvoyeurs de marchandises à Cuba dont le succès ne se dément pas

Les "mules": des pourvoyeurs de marchandises à Cuba dont le succès ne se dément pas
21 mai 2009

LA HAVANE — Passeurs de marchandises convoitées, les "mules" permettent depuis toujours aux Cubains-Américains d'aider leurs proches restés à Cuba. Mais leur activité connaît un nouvel essor depuis la décision de Barack Obama de lever les restrictions de voyage pour les exilés désirant se rendre sur l'île. Et certains membres peu argentés de la diaspora acceptent de jouer les "transporteurs" pour financer leur voyage.

Elle est septuagénaire, vit à Miami avec sa fille, et elle voulait voir son fils et son petit-fils à Cuba. Malgré trois ans d'économies, elle n'avait pas réussi à mettre de côté les 500 dollars nécessaires pour l'achat du billet d'avion.

Elle a alors trouvé une autre solution: s'adressant à une agence de voyage bien précise de "Little Havana", le quartier des exilés cubains à Miami, elle a accepté de transporter des vêtements et de la nourriture destinés à des étrangers à Cuba, pour obtenir en contrepartie une place gratuite sur un vol charter.

"Ma fille et moi travaillons toutes les deux, mais nous avons juste de quoi vivre", explique-t-elle sous le couvert de l'anonymat dans l'appartement de son fils à La Havane. "J'ai fait (la mule) cette fois, mais je ne veux pas recommencer."

L'agence a emballé son chargement -sous-vêtements d'enfants, pantalons d'homme, T-shirts, robes, viande en conserve et lait condensé non sucré-pour qu'elle puisse le transporter comme des bagages, et lui a remis une liste d'adresses pour la livraison.

Après son passage en douane à l'aéroport de La Havane, un homme a réceptionné les bagages et la liste et a disparu. Si la plupart des biens sont destinés à des familles précises, celles-ci doivent souvent les récupérer dans des maisons faisant office d'entrepôt clandestin, mais elles peuvent aussi être livrées "à domicile". L'agence fait payer jusqu'à 18 dollars (13 euros) la livre de marchandise à l'expéditeur.

Depuis que le président Barack Obama a autorisé récemment les Cubains-Américains qui possèdent des proches à Cuba à se rendre autant de fois qu'ils le veulent sur l'île communiste, l'activité des mules a le vent en poupe. Ces passeurs clandestins permettent traditionnellement aux exilés d'aider leur famille en leur fournissant des denrées difficiles à obtenir à Cuba, en proie aux pénuries récurrentes de produits en tout genre.

Désormais, ils commencent à transporter des biens plus lourds et plus rares comme des pièces détachées automobiles, et se vantent de pouvoir livrer des documents ou des photos de famille plus vite que n'importe quel service postal. Les "mules" transportent toute sorte d'articles, sous-vêtements neufs, jeux vidéo populaires ou encore médicaments. Ce genre de pratique est courante entre les Etats-Unis et certains pays, notamment en Amérique latine.

Les exilés cubains préfèrent rester discrets sur le sujet. Si les Cubains-Américains ont le droit d'amener avec eux des marchandises à Cuba, le fait de transformer cette activité en commerce viole à la fois l'embargo américain contre Cuba et la législation cubaine qui restreint l'entreprise privée.

Les "mules" ont par le passé transporté environ la moitié des fonds (jusqu'à 1,4 milliards de dollars) envoyés par les Cubains-Américains chaque année à Cuba, note Manuel Orozco, du Dialogue interaméricain, basé à Washington. Mais Barack Obama a également levé les restrictions sur ces transferts de fonds, ce qui explique que les passeurs en livrent moins désormais ou baissent leurs tarifs pour transporter des dollars.

En outre, depuis 2007, la douane cubaine a largement assoupli les restrictions imposées aux voyageurs, leur permettant ainsi d'apporter des lecteurs DVD, des autoradios, des plaquettes de frein et même des consoles de jeu vidéo.

Mario Gonzalez Corzo, un professeur d'économie à l'université Lehman dans le Bronx, à New York, utilise les services de la même "mule" depuis une décennie pour faire parvenir crayons, papier, alcool dénaturé, mousse à raser et autres articles de parfumerie chez son père, qui vit à Santa Clara, dans le centre de l'île.

Pour les Cubains-Américains, quatre vols charter décollent chaque jour de Miami pour un voyage de 40 minutes vers La Havane. Un vol bihebdomadaire relie également New York à Cuba.

Les "mules" et les agences de livraison de marchandises pour Cuba retirent des bénéficies mutuels de leurs relations. En effet, si les Cubains-Américains peuvent désormais aller voir librement leurs proches à Cuba, beaucoup n'ont pas les moyens de payer le voyage. De leur côté, les agences ont besoin des exilés, car les personnes aux Etats-Unis autorisées à se rendre en vol charter à Cuba sont rares.

Les mules sont des hommes et des femmes, jeunes et vieux. Certains gèrent leurs propres services de livraison tandis que d'autres sont recrutés.

The Canadian Press: Les "mules": des pourvoyeurs de marchandises à Cuba dont le succès ne se dément pas

http://www.google.com/hostednews/canadianpress/article/ALeqM5iZL_6DJPSL_rdcQuJsA7nB04Ib3Q

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