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14 août 2007

Fidel Castro et les déserteurs

Fidel Castro et les déserteurs      
14/08/2007 16:00

Dans le jargon militaro communiste qui se pratique à Cuba, le terme déserteur est systématiquement appliqué à ceux qui émigrent à l'étranger

Le 22 juillet dernier, deux boxeurs cubains disparaissaient à Rio de Janeiro, au Brésil. Ils appartenaient à la délégation cubaine et participaient aux Jeux panaméricains. Une aventure qui met en lumière les nombreuses "désertions" qui affectent le sport cubain chaque fois que les athlètes participent à des compétitions à l'étranger.

Les deux boxeurs ont été retrouvés le 3 août et expulsés le 13 vers La Havane. Le prétexte de leur expulsion ? Etre "sans papiers". De retour à Cuba, les deux hommes sont actuellement détenus dans des "maisons de protocole", [résidences pour les invités des autorités] ouvertes à leurs proches, en attendant que soient définies "les tâches de promotion du sport conformes à leurs connaissances et à leur expérience", promises par Fidel Castro. Ce qui ouvre de nombreuses perspectives à Guillermo Rigondeaux, 26 ans, double champion du monde amateur des poids coq, et Erislandy Lara, 24 ans, champion du monde des poids welter : participer à des compétitions nationales et provinciales, entraîner de jeunes boxeurs, chercher de nouveaux talents ou encore balayer les rings.

Tout sauf réintégrer une délégation de boxeurs cubains, a décidé Fidel Castro, qui s'en est pris aux deux boxeurs dans un article paru dans le journal officiel cubain Granma. "L'athlète cubain qui abandonne sa délégation est comme un soldat qui abandonne ses compagnons en plein combat", écrit le Líder Máximo. En vue des prochains Jeux olympiques et pour éviter les désertions, a-t-il par ailleurs annoncé, les administrations chargées des sportifs envisagent de réexaminer la liste des boxeurs, voire de "n'envoyer aucune délégation". "Cuba ne bradera pas une once de son honneur ni de ses idées pour quelques breloques dorées", conclut le chef de l'Etat.

Reste que les athlètes cubains sont nombreux à déserter, car les motivations idéologiques et matérielles offertes par le régime socialiste à ses sportifs de haut niveau ne peuvent guère rivaliser avec les millions du sport professionnel. Plus que les drogues qu'ils auraient prises à Rio, c'est le demi-million de dollars promis à Rigondeaux et Lara qui les aurait convaincus de ne pas se présenter aux Jeux panaméricains, qui se tenaient dans la métropole brésilienne. Les boxeurs, tous deux mariés et pères de famille, vivaient à Cuba sans grand luxe, même s'ils possédaient une voiture personnelle. Ce qui est déjà un privilège insigne dans un pays très défavorisé en termes de transports, de logement et d'alimentation.

Triés sur le volet, les meilleurs reçoivent du gouvernement cubain des sommes rondelettes, mais sans comparaison avec les récompenses de certains grands rendez-vous sportifs internationaux ; d'autres, comme le champion de saut en hauteur Javier Sotomayor, vivent à Cuba dans l'aisance. Ces compensations restent quoi qu'il en soit insuffisantes face à des requins comme Ahmet Oner. Cet Allemand d'origine turque de 34 ans, directeur d'Arena Box-Promotion, est à l'origine de la désertion de Guillermo Rigondeaux et d'Erislandy Lara. Il a réussi à les séduire avec un contrat d'un demi-million de dollars d'une durée de cinq ans à compter de leur arrivée en Allemagne. Il leur avait même avancé de l'argent pour le voyage. Le plan a été mis sur pied à Rio. Les deux boxeurs ne se sont pas présentés pour le pesage préalable aux combats, ce qui a entraîné leur disqualification.

A partir de là, l'enchaînement des événements est un peu confus. "Vous avez évoqué des pressions du gouvernement cubain sur les familles [des boxeurs], quel type de pressions en particulier ?" a demandé la chaîne allemande Deutsche Welle à Ahmet Oner. "Mais enfin, il s'agit d'un pays communiste. Ils perdent leur voiture, on leur prend leur maison, on leur fait peur, ils reçoivent des visites à l'improviste." La société d'Ahmet Oner compte déjà parmi ses poulains les champions olympiques cubains Odlanier Solís, Yan Barthelemy et Yuriorkis Gamboa, qui ont fui en décembre dernier alors qu'ils étaient au Venezuela pour s'entraîner en vue des Jeux panaméricains. ²

C'est à cette occasion également qu'ont fui le handballeur Rafael Da Costa Capote et l'entraîneur de gymnastique Lázaro Lamelas. Mercredi 8 août, Guillermo Rigondeaux a déclaré pour sa part à l'agence espagnole EFE qu'il n'avait pas déserté mais avait rencontré "un problème de discipline". Il dit désormais "attendre les instructions" des autorités cubaines quant à son avenir.

http://www.cubantrip.com/pagenews/30/08/2007/410/

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