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26 juin 2007

L'après-Castro a commencé

L'après-Castro a commencé
LE MONDE | 26.06.07 | 15h57  •  Mis à jour le 26.06.07 | 15h57

Les lecteurs francophones auraient tort de bouder le livre passionnant de Brian Latell sous prétexte que son auteur a été pendant quarante ans analyste de la CIA (l'agence centrale de renseignements des Etats-Unis). En effet, il n'y a aucun ouvrage disponible en librairie, en français, aussi éclairant sur les événements en cours à Cuba.

Publié en anglais une bonne année avant l'opération chirurgicale subie par Fidel Castro, fin juillet 2006, et la longue convalescence qui s'ensuivit, le livre n'a rien perdu de sa pertinence, d'autant qu'un dense épilogue l'a mis à jour.

Outre une familiarité avec le sujet acquise au fil des ans, l'originalité de Brian Latell est de considérer les deux frères, Fidel et Raul Castro, comme un véritable duo, alors que la bibliographie privilégie le seul "Lider Maximo". Comparant la révolution cubaine à une dramaturgie vivante, l'auteur voit en Fidel Castro, 80 ans, le metteur en scène, le génie créatif, alors que son frère a été l'indispensable producteur exécutif : "Raul a été le garant de la stabilité politique à Cuba."

"Leurs qualités, leurs styles et leurs inclinations se recoupent et se complètent mutuellement, écrit-il. Les plus grandes qualités de leadership de Raul sont les faiblesses les plus notables de Fidel. Fidel excelle en ce qui manque à Raul - l'art de communiquer, la planification stratégique et la gestion de crise."

Dans un récent dossier de la revue Problèmes d'Amérique latine sur "Cuba, un castrisme sans Fidel ?", Brian Latell estime que les militaires cubains détiennent la clé d'une éventuelle transition. L'armée, commandée par Raul Castro depuis 1959, a rouvert à Cuba la voie des entreprises capitalistes, et les civils finiront bien par s'y engouffrer, assure-t-il.

Rendre l'île plus attractive aux investisseurs étrangers, accorder une place plus grande à la petite entreprise privée et favoriser l'agriculture de marché semblent être les moyens d'apporter, dans les meilleurs délais, des améliorations à une population épuisée par les pénuries.

Ce sera sans doute la mission incontournable du successeur de Fidel Castro. Le "Lider Maximo" aura bloqué jusqu'au bout, sur son lit de convalescent, toute réforme majeure d'un système hypercentralisé, qui a toujours été sous perfusion, du pétrole soviétique d'abord, puis du pétrole vénézuélien.

Le calme de la première année sans Fidel aux commandes n'empêche pas Brian Latell de s'interroger sur celui qui pourrait s'imposer comme dauphin de Raul Castro, âgé de 76 ans, étant donné les incertitudes pesant sur sa propre santé. L'auteur hésite entre l'artisan des timides réformes économiques des années 1990, le vice-président Carlos Lage, et le général Ulises Rosales del Toro, responsable de l'industrie sucrière.

La tâche de Raul Castro ne s'annonce pas facile, car il n'est guère populaire, notamment auprès d'une jeunesse désabusée, et certains militaires ont des comptes à régler avec l'éternel ministre de la défense, chargé par son frère aîné d'exécuter les basses oeuvres. Le procès retentissant, suivi de l'exécution du général Arnaldo Ochoa et d'autres officiers, en 1989, reste dans les mémoires.

"Raul sera certainement handicapé, lourdement au début, parce qu'il ne ressemble en rien à Fidel et parce que les aspirations du peuple sont déjà considérables et ne cesseront de croître", écrit Brian Latell. Raul Castro n'a jamais géré de crise nationale. "Que se passerait-il si Raul, buveur impénitent, s'enivrait au moment d'affronter la première crise majeure qui ne manquera pas de se présenter à lui ?", demande l'auteur. Bref, Raul Castro aura une marge d'erreur vraiment faible.

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3260,36-928158,0.html

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