Cuba libère et emprisonne à la fois
Cuba libère et emprisonne à la fois
La dictature fait un geste de clémence
tout en réprimant d'autres dissidents.
Par Jean-Hébert ARMENGAUD
QUOTIDIEN
: mercredi 25 avril 2007
Six dissidents cubains ont été libérés hier soir
après avoir passé deux à trois ans en prison pour, notamment, «outrage» au chef
de l'Etat, Fidel Castro. Ces libérations pourraient avoir un lien avec la
récente visite officielle à Cuba du ministre espagnol des Affaires étrangères.
Miguel Angel Moratinos s'était rendu sur l'île au début du mois pour «renouer»
le dialogue avec la dictature contre l'avis de certains de ses homologues
européens, et sans aborder officiellement le sujet des droits de l'homme. Le
chef de la diplomatie espagnole aurait pu cependant à cette occasion obtenir de
discrètes promesses sur des libérations de prisonniers politiques.
La Havane
continue cependant de souffler autant le froid que le chaud. Pour avoir tagué «A
bas Fidel Castro !» et d'autres slogans du genre sur certains murs de la
capitale, le dissident Rolando Jiménez Posada vient de prendre douze ans de
prison. Cet avocat de 36 ans a été condamné pour «outrage au commandant Fidel
Castro». «En moins d'un mois, deux procès sommaires se sont déroulés. C'est un
signal de durcissement du gouvernement», selon la Commission cubaine des droits
de l'homme et de la réconciliation nationale, une ONG illégale. Début avril, le
journaliste Oscar Sánchez Madan avait déjà été condamné à quatre ans de prison
pour «dangerosité prédélictueuse», un article du code pénal qui permet de
condamner des individus présumés coupables de vouloir commettre des
délits.
Dimanche, l'un des plus anciens prisonniers cubains, Jorge Luis
García Pérez («Antúnez»), a été libéré après avoir purgé la totalité, jour pour
jour, de ses dix-sept ans de prison. Il avait été condamné à l'âge de 25 ans
après avoir lancé en public des slogans contre Fidel Castro.