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28 janvier 2007

L'esprit de la dissidence tchèque s'exporte à Cuba et à Minsk

L'esprit de la dissidence tchèque s'exporte à Cuba et à Minsk
LE MONDE | 27.01.07 | 15h05  •  Mis à jour le 27.01.07 | 15h05
PRAGUE CORRESPONDANT

Trente ans après la création de la Charte 77, en janvier 1977 à Prague, le combat pour le respect des droits de l'homme et pour la solidarité est aujourd'hui porté en dehors des frontières tchèques, par l'organisation non gouvernementale People in Need. Ces deux valeurs étaient au coeur de l'action de la plate-forme civique qui a unifié les divers courants de la dissidence anticommuniste et contribué à la chute du régime honni, en 1989.

Fondée au début des années 1990 par Simon Panek, ancien leader étudiant de la "révolution de velours" et proche de l'ancien dissident puis président Vaclav Havel, l'ONG mène des actions politiques pour la défense des droits de l'homme partout où ils sont bafoués.

Outre des manifestations et conférences à Prague en faveur des prisonniers politiques à Cuba, l'ONG s'occupe de passer des ordinateurs clandestinement et de soutenir financièrement des familles de dissidents emprisonnés. En Biélorussie, elle organise des "universités en appartement" en envoyant des intellectuels tchèques enseigner chez des dissidents comme, jadis, des professeurs se rendaient à Prague grâce à l'Association française Jan Hus.

L'association intervient aussi en Birmanie, au Vietnam et même en Corée du Nord, localement ou en permettant à des dissidents de défendre leur cause à l'étranger. "Notre expérience du communisme fait que nous savons combien le moindre geste en direction des victimes des violations des droits de l'homme est important pour les aider à tenir bon", estime M. Panek.

Fils spirituel de l'ancien président tchèque, Simon Panek poursuit aussi sa lutte contre la "mentalité totalitaire qui perdure dans le pays". People in Need a sillonné les écoles du pays avec un programme pour sensibiliser les élèves sur ce que furent la normalisation et le régime communiste. Un tiers de la population n'a pas vécu la fondation de la Charte 77.

AUCUNE RELÈVE

A Prague aujourd'hui, après quarante ans de régime communiste, les Tchèques souffrent d'une allergie aux commémorations et célébrations organisées. L'anniversaire de la Charte 77 n'échappe pas à la règle. Si la presse a contribué au travail de mémoire en publiant des suppléments historiques, des témoignages de signataires et quelques polémiques entre politologues et anciens chartistes, aucun hommage public n'est prévu. Seule une conférence scientifique se penchera en mars sur l'apport de la Charte 77 et de ses signataires.

La plupart des dissidents se sont retirés de la vie politique à l'image du premier d'entre eux, l'ancien président Vaclav Havel, et aucune relève n'a repris le flambeau de la contestation citoyenne. Si l'engagement partisan n'attire pas - les partis politiques comptent à peine quelques milliers d'adhérents, à l'exception du Parti communiste -, l'activisme jouit toujours d'une aussi mauvaise image qu'il y a trente ans. Moins de 2000 personnes sur 15 millions de Tchécoslovaques avaient signé la Charte entre 1977 et 1989 alors que le PC comptait près d'1,5 million de membres. Le philosophe Jan Patocka (né en juin 1907), corédacteur et premier signataire de la Charte, mort le 13 mars 1977, après des interrogatoires de police, est presque inconnu dans son pays où la philosophie n'est pas enseignée au lycée. Pourtant sa pensée n'a pas perdu de son actualité.
Martin Plichta

Article paru dans l'édition du 28.01.07
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-860500@51-857718,0.html

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