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(Pas le) Centre Ernesto Che Guevara
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16 juin 2006

Reporters sans frontières regrette la décision de l’Union européenne de ne pas réactiver les sanctions politiques

Reporters sans frontières regrette la décision de l’Union européenne de ne pas réactiver les sanctions  politiques
      

Le 12 juin 2006, à Luxembourg, les ministres européens des Affaires étrangères ont décidé de prolonger jusqu’en juin 2007 la suspension des sanctions contre le régime cubain, adopteés en juin 2003, en réaction à la vague répressive qui avait frappé la dissidence en mars 2003.

Reporters sans frontières regrette cette politique timorée dont l’inefficacité a pu être constatée durant ces trois dernières années. Le Conseil a lui-même reconnu que “la situation des droits de l’homme à Cuba (s’était) encore détériorée depuis juin 2005“ et que “le nombre de prisonniers politiques avait augmenté au cours des douze derniers mois“. Face à ce triste constat, une redéfinition de la position de l’Union européenne envers Cuba semble logique. Certes, la mise en place de sanctions économiques n’est pas souhaitable, mais l’utilisation de sanctions politiques permettrait de rappeler le gouvernement à ses obligations. Ces dernières seraient un outil de pression approprié pour inciter les autorités cubaines à prendre leurs responsabilités en ce qui concerne les droits fondamentaux.

Reporters sans frontières rappelle que vingt journalistes sont encore emprisonnés depuis la vague de répression de mars 2003 et que quatre autres ont été arrêtés au cours de l’été 2005. Depuis le « printemps noir » de 2003, les journalistes encore en exercice sont soumis à une pression constante des autorités. Une nouvelle vague de répression politique sévit depuis le début de l’année 2006. Elle prend la forme d’actions violentes et intimidantes, notamment envers la presse indépendante, comme l’illustre l’arrestation d’Armando Betancourt, journaliste indépendant, arrêté le 23 mai. Enfin, le gouvernement refuse d’accorder une connexion Internet à Guillermo Fariñas dont l’état de santé s’est dramatiquement détérioré depuis le début de sa grève de la faim, le 31 janvier 2006.


31.01.06 - Lettre ouverte de Reporters sans frontières à la présidence autrichienne de l’Union européenne

A la veille du débat parlementaire au sein des Vingt-Cinq sur les relations entre l’Union européenne (UE) et Cuba, Reporters sans frontières appelle la présidence autrichienne de l’UE à reprendre les démarches diplomatiques en faveur des droits de l’homme et à soutenir la dissidence dans l’île.

A l’attention de
M. Wolfgang Schüssel, chancelier fédéral
Mme Ursula Plassnik, ministre des Affaires étrangères

Madame, Monsieur

Reporters sans frontières, organisation internationale de défense de la liberté de la presse, souhaite attirer votre attention sur la situation des journalistes à Cuba, alors que les Vingt-Cinq s’apprêtent à débattre de leurs relations avec l’île. Reporters sans frontières tient à vous faire part de son désarroi et de son indignation face à la persistance des répressions du gouvernement cubain à l’encontre des journalistes indépendants qui ne sont pas en mesure d’exercer librement leurs activités et de se défendre contre la répression de l’Etat.

Cuba reste la deuxième plus grande prison du monde après la Chine. Vingt journalistes sont encore emprisonnés depuis la vague de répression de mars 2003 et quatre autres ont été arrêtés au cours de l’été 2005. Face à cette situation alarmante, Reporters sans frontières appelle à une plus grande mobilisation et à une solidarité visible en faveur de ces prisonniers d’opinion.

Arrêté le 22 juillet 2005, à la veille d’une manifestation de la dissidence, Oscar Mario González Pérez, de l’agence Grupo de Trabajo Decoro, a passé plus de six mois dans les geôles de la Sécurité de l’Etat. Il encourt vingt ans de prison au titre de la loi 88 sur « la protection de l’indépendance nationale et de l’économie de Cuba ». Pourtant, aucune charge précise n’a été retenue contre lui et le dossier d’accusation est prétendument introuvable. Ce cas fait écho à celui de Roberto de Jésus Guerra Pérez, collaborateur des sites Payolibre, Nueva Prensa Cubana et de la station Radio Martí, détenu sans jugement depuis le 13 juillet 2005.

Les autorités cubaines exercent une véritable stratégie de harcèlement à l’encontre des journalistes cubains indépendants. Récemment, Llannis Meriño Aguilera, 21 ans, directrice de l’agence de presse Jeunes sans censure, a été l’objet de menaces de la part de deux agents de la Sécurité de l’Etat. Ils lui ont ordonné d’abandonner ses activités et l’ont accusé de diffuser de fausses informations, actes passibles de peines de prison.

Les vingt journalistes détenus depuis mars 2003 vivent dans des conditions de détention intolérables et nombre d’entre eux, gravement malades, n’ont pas accès aux soins essentiels. Quelques députés, en Europe, parrainent ces prisonniers. Ils sont, hélas, trop peu nombreux.

La défense de l’universalité et de l’indivisibilité des droits de l’homme constitue un des principaux objectifs de l’UE. Ce principe doit tenir lieu de préalable à toute initiative de dialogue avec les autorités cubaines.

Le 5 juin 2003, en réaction à la vague répressive, l’UE avait décidé de limiter les visites gouvernementales de haut niveau effectuées dans un cadre bilatéral, de réduire l’importance de la participation des Etats membres aux manifestations culturelles et d’inviter les dissidents cubains aux cérémonies organisées à l’occasion des fêtes nationales. Pourtant, ces sanctions, jugées inefficaces, ont été levées le 31 janvier 2005 et le Conseil européen a confirmé ce changement d’attitude au mois de juin suivant.

Reporters sans frontières constate avec regret que le gel des sanctions européennes et les tentatives de rapprochement de l’UE avec le régime cubain n’ont apporté aucune amélioration sur l’île concernant les droits de l’homme. Les autorités cubaines ne montrent d’ailleurs aucune considération à l’égard des représentants de l’Union. Le 17 mai, deux députés européens venus assister au congrès dissident de l’Assemblée pour la promotion de la société civile à Cuba (APSC) ont été refoulés à leur arrivée sur l’île et dix-huit autres se sont vu refuser leur visa. Enfin, les Dames en blanc, mères et épouses de prisonniers d’opinion, colauréates du prix Sakharov 2005, n’ont pas été autorisées à se rendre à Strasbourg pour recevoir leur récompense au mois de décembre.

A l’appui de ce constat, nous appelons donc la présidence autrichienne, et avec elle les institutions européennes, à reconsidérer sérieusement la position de l’UE vis-à-vis de Cuba.

En vous remerciant de l’attention que vous porterez cette demande, je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de ma haute considération.

Robert Ménard
Secrétaire généra


http://www.rsf.org/article.php3?id_article=16319

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