Reporters sans frontières regrette la décision de l’Union européenne de ne pas réactiver les sanctions politiques
Reporters sans frontières regrette la décision de l’Union européenne de ne pas réactiver les sanctions politiques
Le 12 juin 2006, à Luxembourg, les ministres européens des Affaires
étrangères ont décidé de prolonger jusqu’en juin 2007 la suspension des
sanctions contre le régime cubain, adopteés en juin 2003, en réaction à
la vague répressive qui avait frappé la dissidence en mars 2003. Reporters sans frontières regrette
cette politique timorée dont l’inefficacité a pu être constatée durant
ces trois dernières années. Le Conseil a lui-même reconnu que “la
situation des droits de l’homme à Cuba (s’était) encore détériorée
depuis juin 2005“ et que “le nombre de prisonniers politiques avait
augmenté au cours des douze derniers mois“. Face à ce triste constat,
une redéfinition de la position de l’Union européenne envers Cuba
semble logique. Certes, la mise en place de sanctions économiques n’est
pas souhaitable, mais l’utilisation de sanctions politiques permettrait
de rappeler le gouvernement à ses obligations. Ces dernières seraient
un outil de pression approprié pour inciter les autorités cubaines à
prendre leurs responsabilités en ce qui concerne les droits
fondamentaux. Reporters sans frontières rappelle que
vingt journalistes sont encore emprisonnés depuis la vague de
répression de mars 2003 et que quatre autres ont été arrêtés au cours
de l’été 2005. Depuis le « printemps noir » de 2003, les journalistes
encore en exercice sont soumis à une pression constante des autorités.
Une nouvelle vague de répression politique sévit depuis le début de
l’année 2006. Elle prend la forme d’actions violentes et intimidantes,
notamment envers la presse indépendante, comme l’illustre l’arrestation
d’Armando Betancourt, journaliste indépendant, arrêté le 23 mai. Enfin,
le gouvernement refuse d’accorder une connexion Internet à Guillermo
Fariñas dont l’état de santé s’est dramatiquement détérioré depuis le
début de sa grève de la faim, le 31 janvier 2006. 31.01.06 - Lettre ouverte de Reporters sans frontières à la présidence autrichienne de l’Union européenne A la veille du débat parlementaire au
sein des Vingt-Cinq sur les relations entre l’Union européenne (UE) et
Cuba, Reporters sans frontières appelle la présidence autrichienne de
l’UE à reprendre les démarches diplomatiques en faveur des droits de
l’homme et à soutenir la dissidence dans l’île. A l’attention de Madame, Monsieur Reporters sans frontières, organisation
internationale de défense de la liberté de la presse, souhaite attirer
votre attention sur la situation des journalistes à Cuba, alors que les
Vingt-Cinq s’apprêtent à débattre de leurs relations avec l’île.
Reporters sans frontières tient à vous faire part de son désarroi et de
son indignation face à la persistance des répressions du gouvernement
cubain à l’encontre des journalistes indépendants qui ne sont pas en
mesure d’exercer librement leurs activités et de se défendre contre la
répression de l’Etat. Cuba reste la deuxième plus grande
prison du monde après la Chine. Vingt journalistes sont encore
emprisonnés depuis la vague de répression de mars 2003 et quatre autres
ont été arrêtés au cours de l’été 2005. Face à cette situation
alarmante, Reporters sans frontières appelle à une plus grande
mobilisation et à une solidarité visible en faveur de ces prisonniers
d’opinion. Arrêté le 22 juillet 2005, à la veille
d’une manifestation de la dissidence, Oscar Mario González Pérez, de
l’agence Grupo de Trabajo Decoro, a passé plus de six mois dans les
geôles de la Sécurité de l’Etat. Il encourt vingt ans de prison au
titre de la loi 88 sur « la protection de l’indépendance nationale et
de l’économie de Cuba ». Pourtant, aucune charge précise n’a été
retenue contre lui et le dossier d’accusation est prétendument
introuvable. Ce cas fait écho à celui de Roberto de Jésus Guerra Pérez,
collaborateur des sites Payolibre, Nueva Prensa Cubana et de la station
Radio Martí, détenu sans jugement depuis le 13 juillet 2005. Les autorités cubaines exercent une
véritable stratégie de harcèlement à l’encontre des journalistes
cubains indépendants. Récemment, Llannis Meriño Aguilera, 21 ans,
directrice de l’agence de presse Jeunes sans censure, a été l’objet de
menaces de la part de deux agents de la Sécurité de l’Etat. Ils lui ont
ordonné d’abandonner ses activités et l’ont accusé de diffuser de
fausses informations, actes passibles de peines de prison. Les vingt journalistes détenus depuis
mars 2003 vivent dans des conditions de détention intolérables et
nombre d’entre eux, gravement malades, n’ont pas accès aux soins
essentiels. Quelques députés, en Europe, parrainent ces prisonniers.
Ils sont, hélas, trop peu nombreux. La défense de l’universalité et de
l’indivisibilité des droits de l’homme constitue un des principaux
objectifs de l’UE. Ce principe doit tenir lieu de préalable à toute
initiative de dialogue avec les autorités cubaines. Le 5 juin 2003, en réaction à la vague
répressive, l’UE avait décidé de limiter les visites gouvernementales
de haut niveau effectuées dans un cadre bilatéral, de réduire
l’importance de la participation des Etats membres aux manifestations
culturelles et d’inviter les dissidents cubains aux cérémonies
organisées à l’occasion des fêtes nationales. Pourtant, ces sanctions,
jugées inefficaces, ont été levées le 31 janvier 2005 et le Conseil
européen a confirmé ce changement d’attitude au mois de juin suivant. Reporters sans frontières constate avec
regret que le gel des sanctions européennes et les tentatives de
rapprochement de l’UE avec le régime cubain n’ont apporté aucune
amélioration sur l’île concernant les droits de l’homme. Les autorités
cubaines ne montrent d’ailleurs aucune considération à l’égard des
représentants de l’Union. Le 17 mai, deux députés européens venus
assister au congrès dissident de l’Assemblée pour la promotion de la
société civile à Cuba (APSC) ont été refoulés à leur arrivée sur l’île
et dix-huit autres se sont vu refuser leur visa. Enfin, les Dames en
blanc, mères et épouses de prisonniers d’opinion, colauréates du prix
Sakharov 2005, n’ont pas été autorisées à se rendre à Strasbourg pour
recevoir leur récompense au mois de décembre. A l’appui de ce constat, nous appelons
donc la présidence autrichienne, et avec elle les institutions
européennes, à reconsidérer sérieusement la position de l’UE vis-à-vis
de Cuba. En vous remerciant de l’attention que
vous porterez cette demande, je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur,
l’expression de ma haute considération. Robert Ménard
M. Wolfgang Schüssel, chancelier fédéral
Mme Ursula Plassnik, ministre des Affaires étrangères
Secrétaire généra
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