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19 décembre 2005

Pourquoi s’intéresser autant à Cuba ?

Cuba | 8.07.2005

Pourquoi s’intéresser autant à Cuba ?
La réponse de Reporters sans frontières aux accusations des défenseurs du gouvernement cubain

 

Pourquoi s’intéresser autant à Cuba ?

Cuba est, il est vrai, l’une de nos priorités. Simplement parce que dans l’île, la liberté de la presse n’existe pas. L’information reste un monopole d’Etat. Tout est soumis à autorisation, depuis l’utilisation d’Internet jusqu’à la possession d’un fax ou d’un ordinateur. A l’exception de quelques bulletins d’informations publiés par l’Eglise catholique, il n’existe aucun média indépendant dans le pays. Quelques journalistes parviennent, dans une semi-clandestinité, à faire circuler des bulletins photocopiés à moins d’un millier d’exemplaires ou à mettre en ligne leurs informations sur des sites hébergés à l’étranger.

Mais le plus grave est à suivre. Vingt-et-un journalistes sont toujours détenus dans des conditions extrêmement difficiles. Arrêtés en mars 2003, ils ont été condamnés à de lourdes peines, dépassant parfois 20 ans de prison. Les privations de médicaments ou de nourriture, les refus des droits de visite, les pressions de l’administration pénitentiaire et les menaces des codétenus sont monnaie courante.

La presse étrangère est également surveillée de près à Cuba. Fin mai 2005, deux journalistes polonais et un italien qui souhaitaient couvrir l’Assemblée pour la promotion de la société civile à Cuba, un rassemblement d’associations dissidentes, ont été expulsés. Les autorités ont expliqué qu’ils étaient munis de visas de touristes et non de visas de presse. C’est vrai. Mais ces journalistes ont agi ainsi parce qu’ils savaient qu’ils n’auraient jamais obtenu de visas professionnels pour couvrir cette réunion. Reporters sans frontières demande, depuis plusieurs années, à pouvoir se rendre officiellement à Cuba. Nous attendons toujours le feu vert de La Havane.

Reporters sans frontières réserve-t-elle un traitement particulier à Cuba ?

Cuba ne fait l’objet d’aucun traitement spécial de la part de Reporters sans frontières. Notre organisation dénonce les violations de la liberté de la presse partout dans le monde, sans considération idéologique ou politique. Les défenseurs de Fidel Castro crient haut et fort que nous ne nous intéressons qu’à Cuba. C’est faux. Et quelques chiffres suffisent à le montrer. En 2004, Reporters sans frontières a publié 781 communiqués concernant 118 pays. 58 de ces communiqués traitaient de la Chine, 56 de l’Irak, 38 de l’Iran, 30 du Pakistan, 25 de l’Algérie, 25 de la Côte d’Ivoire et... 18 de Cuba.

Depuis le début de l’année 2005, 13 communiqués ont été écrits sur la situation de la liberté de la presse à Cuba. Mais nous en avons également rédigé 12 sur le Pérou et 11 sur le Mexique, par exemple. Et si l’on traverse les continents, Reporters sans frontières a réagi à 38 reprises cette année en Chine, 30 au Népal, 28 en Iran et 17 en Russie.

D’où viennent les attaques ?

Reporters sans frontières a été, à plusieurs reprises, accusée de partialité dans le dossier cubain. Très souvent, les attaques viennent du quotidien officiel Granma et sont reprises ensuite par des sites Internet ou des forums de discussion.

Une poignée de zélés castristes semblent s’être donné pour mission de décrédibiliser notre travail en lançant des accusations calomnieuses sans aucun fondement. "Reporters sans frontières est financée par la CIA, tout le monde le sait !" Cette phrase revient systématiquement dans la bouche de ces fervents défenseurs de la révolution cubaine. "Tout le monde le sait !"... Le "on-dit", la rumeur et le mensonge sont les armes favorites des auteurs de ces attaques.

La désinformation règne et la mauvaise foi anime les plumes de ces croisés de la révolution castriste. Dans plusieurs articles, il était, par exemple, mentionné que l’actrice française Catherine Deneuve avait touché 50 000 euros de la part de Reporters sans frontières pour assister à une soirée consacrée à la situation de la liberté de la presse à Cuba. Il est vrai que Catherine Deneuve a accepté de participer à cet événement. Mais c’était à titre bénévole. Elle n’a pas touché un centime de notre organisation. En revanche, l’actrice a reconnu avoir reçu 50 000 euros pour participer à la fête de lancement de la chaîne de télévision algérienne Khalifa TV. Aucun lien avec Reporters sans frontières. Aucun lien avec Cuba.

Pourquoi ces attaques ?

Cuba a de nombreux défenseurs dans le monde. Plus que n’importe quel autre Etat. Pour beaucoup, la révolution cubaine conserve un aspect romanesque et affectif dont il est difficile de se détacher. Les aficionados de Fidel Castro lui trouvent des circonstances atténuantes et font preuve d’une indulgence complice. Pour d’autres, qui n’ont souvent jamais mis les pieds dans l’île, Cuba symbolise la lutte contre l’impérialisme américain. Et à ce titre, le pays devrait être exonéré de toute critique. Tant pis si les violations des droits de l’homme sont passées sous silence.

D’où vient l’argent de Reporters sans frontières ?

Nos comptes sont publics et transparents. Ils sont validés chaque année par un commissaire aux comptes et mis en ligne sur notre site Internet www.rsf.org. Nous ne recevons pas d’argent du Département d’Etat américain, de la CIA ou de la coopération américaine USAID. Les seules subventions que nous percevons en provenance des Etats-Unis sont celles des fondations Center for a Free Cuba et National Endowment for Democracy (NED). La première nous a accordé, en 2004, une subvention de 50 000 dollars, ce qui représente 1,3 % du budget total de Reporters sans frontières. La NED nous a aidé, pour la première fois en 2005, en nous versant une subvention de 39 900 dollars. Cette somme représente également 1,3 % du budget prévisionnel de l’organisation et n’a donc aucune incidence sur nos prises de position. Il est également important de préciser que la somme allouée par la NED concerne un projet destiné à "soutenir les journalistes arrêtés, emprisonnés ou menacés en Afrique". Ce projet concerne l’Afrique et uniquement l’Afrique. Rien à voir avec Cuba. L’argent du Center for a free Cuba est utilisé pour soutenir les familles des journalistes emprisonnés dans l’île et mener des projets pour obtenir leur libération au plus vite.

Recevoir de l’argent de fondations américaines ne nous a jamais empêchés de dénoncer les violations de la liberté de la presse aux Etats-Unis. Ainsi, en 2004, Reporters sans frontières est intervenue une dizaine de fois pour dénoncer les exactions de l’armée américaine contre des journalistes en Irak. L’organisation a également publié un rapport détaillé sur le tir d’un char américain contre l’hôtel Palestine qui avait coûté la vie à deux journalistes, en avril 2003. Depuis le début de l’année 2005, six communiqués ont été publiés sur les menaces à l’encontre du secret des sources, aux Etats-Unis même. Encore récemment, le 27 juin 2005, Reporters sans frontières a dénoncé une décision "rétrograde et liberticide" de la justice américaine. Des termes bien peu élogieux de la part de journalistes qui seraient "financés par l’administration américaine"... Et une page spéciale intitulée : "Etats-Unis : la Justice menace le secret des sources" est disponible sur notre site Internet.

Paris, le 6 juillet 2005.

 

Reporters sans frontières défend les journalistes     emprisonnés et la liberté de la presse dans le monde, c'est-à-dire     le droit d'informer et d'être informé, conformément à     l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Reporters     sans frontières compte neuf sections nationales (Allemagne, Autriche,     Belgique, Canada, Espagne, France, Italie, Suède et Suisse),     des représentations à Abidjan, Bangkok, Buenos Aires, Istanbul,      Moscou, New York, Tokyo et Washington, et plus de 120 correspondants     dans le monde.

                

http://www.rsf.org/article.php3?id_article=14350

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